Dix studios africains de développement de jeux vidéo se sont regroupés pour tenter de s’imposer sur le marché très convoité du gaming.
Le jeu vidéo a le vent en poupe, en Afrique. Selon les prévisions des différents spécialistes du secteur, l’industrie du gaming devrait connaître, entre 2021 et 2026, un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 12%. Notamment grâce aux smartphones : en 2019, le Centre américain pour les informations biotechnologiques (NCBI) affirmait que les jeux sur smartphone représentaient 24 % des formes de divertissement globaux en Afrique.
Forcément, le succès du jeu vidéo, qu’il soit sur PC, sur console ou sur smartphone, aiguise les appétits. Plusieurs acteurs du secteur tentent de tirer leur épingle du jeu, comme Carry1st. La start-up avait levé, mi-2020, 2,5 millions de dollars pour développer des jeux vidéo 100 % africains. Mais pour les autres entreprises du secteur, pas toujours facile de se frayer une place face aux géants mondiaux du gaming.
C’est ce qui a poussé une dizaine de studios de jeux du continent à mutualiser leurs efforts au sein d’un groupe, qui a de grandes ambitions. Le Pan Africa Gaming Group (PAGG) veut, ces prochaines années, peser sur le marché du gaming. Ce mercredi, alors qu’était célébrée la Semaine des jeux africains 2022, au Cap, en Afrique du Sud, les dirigeants du PAGG ont annoncé vouloir « propulser le jeu vidéo africain au-devant de la scène et faire de l’Afrique un acteur de premier plan dans le secteur ».
Le PAGG regroupe des studios de toute l’Afrique, indique l’agence de presse Ecofin : l’entreprise sud-africaine Sea Monster, la sénégalaise Kayfo Games, la camerounaise Kiro’o Games, mais également des sociétés ghanéenne, tunisienne, éthiopienne, kényane ou encore rwandaise.
Promouvoir les innovations africaines
Olivier Madiba, fondateur de Kiro’o Games, estime que la combinaison des « forces » et des « capacités d’innovations individuelles » permettront au PAGG de faire de belles choses.
Reste à s’imposer. Car sur un marché global qui ne cesse de croître, l’Afrique fait figure d’outsider. Certains marchés, comme l’Afrique du Sud — 290 millions de dollars de revenus pour l’industrie du jeu —, le Nigeria, le Ghana ou le Kenya sont prometteurs. Et comme pour le contenu audiovisuel, les spécificités locales ne sont que rarement prises en compte par les éditeurs de jeux vidéo.
Le PAGG espère bouleverser le marché. Pour ce faire, le groupement de studios compte proposer les jeux développés par les dix sociétés qui le composent sur la boutique de jeux africains Gara mais également sur AfroComix, qui se présente comme « un hub de contenus regroupant tout le travail créatif afro-centrique réalisé par des Africains sur le continent ».
Reste désormais plusieurs défis pour le PAGG. Parmi ceux-ci, outre la promotion et la distribution, la monétisation. Si l’accès au téléphone mobile est largement répandu, il faudra, pour le groupe, pouvoir facturer à ses clients. Nul doute que le « mobile money » aura un vrai rôle à jouer.
En attendant, le PAGG réfléchit déjà à accueillir d’autres studios au sein de son initiative.