Violences post-électorales, groupes terroristes, problèmes économiques… Le président Mohamed Bazoum, tout juste élu, doit faire face à de nombreux défis. Sera-t-il à la hauteur ?
Les troubles post-électoraux au Niger ont été brutaux : deux manifestants ont été tués et près de cinq-cents personnes arrêtées, parmi lesquels des activistes et des hommes politiques. Le second tour du scrutin du 21 février était l’occasion de tourner une nouvelle page après un dernier mandat réussi de Mahamadou Issoufou. Celui de Mohamed Bazoum débute mal.
Hama Amadou en opposant numéro 1
Le ministre nigérien de l’Intérieur Alkache Alhada a accusé l’une des figures de l’opposition les plus populaires, Hama Amadou, de vouloir usurper le pouvoir en mettant « le Niger à feu et à sang ». Depuis, le gouvernement s’est engagé à arrêter et poursuivre Amadou. Ce dernier, indique l’Etat nigérien, est accusé de meurtres, de violences, de propos racistes et de de xénophobie.
Amadou, ancien Premier ministre et président de l’Assemblée, n’a pas pu se présenter à la présidence en raison d’une condamnation d’un an d’emprisonnement en 2017 pour traite d’enfants. Il a toujours crié à qui veut l’entendre que cette affaire était fabriquée par le pouvoir exécutif. Amadou a soutenu le candidat de l’opposition, Mahamane Ousmane, lors du second tour de l’élection présidentielle de dimanche dernier.
Des violences ont éclaté mardi, après que la commission électorale a déclaré Bazoum victorieux avec 55 % des voix contre 44 % pour Ousmane.
Âgé de 71 ans, Ousmane a été renversé en 1993, trois ans après avoir gagné ce qui était considéré comme la première transition démocratique au Niger depuis son indépendance en 1960. Depuis, il s’est présenté cinq fois à des élections, sans sucés.
Le nouveau président âgé de 60 ans, Mohamed Bazoum, était le ministre de l’Intérieur et le proche conseiller du président sortant Mahamadou Issoufou. En 1990, les deux ont fondé le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS).
La possibilité d’une solution pacifique ?
Après une disparition pendant plusieurs jours, le principal instigateur des violences post-électorales, Hama Amadou, s’est rendu ce vendredi à la police. Il a été accompagné par son avocat Boubacar Mossi, qui a assisté à l’interrogatoire et s’est adressé à la presse, fustigeant le nouveau président et son parti le PNDS.
La Cedeao et l’ONU ont appelé les différentes parties à l’origine des violences au Niger « à recourir aux voies légales pour régler tout différend ». Elles ont condamné les actes de violence.
La démocratie au Niger est aussi fragile que celle de tous les Etats de la région. Mais le pays doit aussi faire avec un enjeu sécuritaire étouffant, avec trois organisations terroristes qui attaquent le pays au nord et à l’ouest. La paix politique et la fin des violences seront impératives pour que le Niger puisse sécuriser ses frontières.