La Tunisie est loin d’être prête à organiser le sommet de l’OIF en novembre prochain. Et le temps presse de plus en plus.
Novembre est encore loin. Mais pour les autorités tunisiennes, le temps file à une vitesse qui fait peur. Les 20 et 21 novembre prochains, à Djerba, doit en effet se dérouler le Sommet de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Et si rien ne bouge dans les prochaines semaines, ce rendez-vous importantissime risque bien de tourner au fiasco. D’un côté, le chef du gouvernement Hichem Mechichi a tenté de faire reporter le fameux sommet. Il faut dire que l’OIF fêtait, l’an dernier, ses cinquante ans. Sur l’île de Djerba, le sommet devrait donc être un événement.
Mais le président Kaïs Saïed, une nouvelle fois, a tenu à n’en faire qu’à sa tête. Il a refusé de reporter une nouvelle fois le sommet — celui-ci était initialement prévu en décembre dernier, mais a été reporté pour cause de coronavirus.
Après avoir accepté le report demandé par la présidence tunisienne, la secrétaire générale de l’OIF, Louise Mushikiwabo, voit désormais l’organisation du sommet patiner. Et la Rwandaise a pu s’en apercevoir lors d’un voyage à Djerba, le 10 juin dernier. Elle a également observé le désordre qui règne en Tunisie, où la mésentente entre Kaïs Saïed et Hichem Mechichi commence à avoir de sacrées répercussions.
Car le chef du gouvernement aurait tenté, avant la visite de la Rwandaise, de faire une nouvelle fois reporter le sommet, là où Kaïs Saïed a préféré le désavouer, par peur de n’être plus pris au sérieux par l’OIF et la France. Alors qu’il était en visite à Paris, le président tunisien a tenu à rassurer et a reçu les confirmations de participation de la part d’Alassane Ouattara ou encore de Macky Sall.
Un budget pas encore bouclé
Reste désormais à la Tunisie l’obligation de faire bonne figure en novembre prochain. Sauf que le budget n’est même pas encore bouclé. En mai, alors qu’il recevait l’ambassadeur de France, le chef du gouvernement a bien tenté de rappeler la crise économique traversée par la Tunisie. Le ministre des Affaires étrangères Othmane Jerandi tenterait toujours de trouver les plus de 7 millions d’euros manquants dans le budget du sommet.
La France ayant déjà mis la main à la poche, comme le Canada, la Belgique ou encore l’OIF, Paris ne semble pas prêt à effectuer une rallonge. Outre l’aspect financier, Tunis ne semble pas encore savoir de quoi sera fait le sommet. Une « commission chargée de la programmation et des contenus » a bien été nommée par décret, mais, précise Africa Intelligence, sans qu’aucun membre ne soit nommé.
C’est un chantier immense qui attend Tunis : sans agence événementielle et avec de nombreux travaux à effectuer, l’île de Djerba attend des réponses à ses appels d’offres. Louise Mushikiwabo a bien tenté de rester positive lors de son passage en Tunisie, mais nul doute que son constat a dû être effrayant.