Ce samedi, l’arrestation par l’Agence nationale des renseignements (ANR) de l’influent « Monsieur renseignements » de Félix Tshisekedi, François Beya, a donné lieu à de nombreuses spéculations en République démocratique du Congo.
De Mobutu, en passant par Kabila, il a tout connus, jusqu’à devenir un symbole de l’Union sacrée. François Beya est un homme mystérieux. Affublé du surnom de « Monsieur sécurité » en République démocratique du Congo (RDC), il est longtemps resté un homme clé du dispositif de sûreté nationale. Mais sous l’actuel président Félix Tshisekedi, le conseiller spécial de sécurité de la présidence a été arrêté par son ancienne agence, l’Agence nationale des renseignements (ANR), ce samedi 5 février.
Le président de la RDC, Félix Tshisekedi, assistait alors au 35e sommet de l’Union africaine (UA), où il passait le flambeau à son successeur à la tête de l’instance africaine, le président sénégalais Macky Sall.
Informé de l’arrestation de François Beya, suivie de celle de plusieurs hauts gradés de l’armée, Félix Tshisekedi est rentré en urgence à Kinshasa dans la nuit de samedi à dimanche. Aucune déclaration officielle de la présidence n’a encore été faite. Un mutisme qui a laissé place aux théories les plus folles, notamment celle d’un projet de coup d’Etat avorté.
Mais si on en croit les militants de l’UDPS, le parti de Tshisekedi, qui manifestent aujourd’hui dans tout le pays, il n’en serait rien. Du côté des médias, Jeune Afrique avance l’hypothèse d’un conflit interne au sein du cercle du président. François Beya, qui avait côtoyé les hautes sphères de pouvoir en RDC depuis des décennies, est souvent accusé d’être à la solde de l’ancien président Joseph Kabila.
Et il faut dire que l’intégration de Beya au cercle fermé des conseillers de la présidence congolaise faisait partie, selon les observateurs, des contraintes de l’Union sacrée entre Tshisekedi et Kabila, qui s’est effritée depuis à coups d’opérations anti-corruption menées contre les ex-fidèles de l’ancien président.
Une arrestation mystérieuse
Mais en ce qui concerne François Beya, le conseiller du président sur les questions de sécurité, ces dernières semaines, ce dernier avait perdu de son autorité auprès des agences nationales. Notamment, celle qui l’a finalement fait arrêter, la puissante Agence nationale des renseignements (ANR), où l’administrateur général Jean-Hervé Mbelu Biosha est désormais directeur depuis décembre dernier.
Et ce sera finalement Biosha qui aura ordonné l’arrestation et l’audition de son ex-supérieur. Dans la nuit, selon plusieurs médias congolais, des généraux de l’armée auraient été également interpellés par l’ANR.
Ce qui a alimenté les rumeurs de coup d’Etat, ce sont surtout des déclarations imputées à « des sources sécuritaires », affirmant que François Beya aurait été au centre d’une « conspiration » contre le président Félix Tshisekedi.
Néanmoins, le parti du pouvoir, l’UDPS, nie ces allégations. Selon les observateurs, le contexte général des alliances au sein du pouvoir en RDC, marqué par la récente démission du vice-président de l’Assemblée nationale Jean-Marc Kabund, mais également par les nombreuses interpellations de dizaines de hauts responsables pro-Kabila ces derniers mois, aurait mené à l’arrestation de François Beya.
Peu d’explications réelles ou potentielles filtrent encore, les dossiers sécuritaires dont François Beya était chargé étant très sensibles.