Le fils d’Idriss Déby, annoncé mort ce mardi, a pris les rênes d’une conseil militaire de transition. Homme fort de la Garde présidentielle, il sera à la tête du Tchad pendant au moins dix-huit mois.
Il est l’un des fils d’Idriss Déby, mort, selon la version officielle de l’armée, au combat des suites de ses blessures. Mahamat Idriss Déby est un général quatre étoiles âgé de 37 ans. Jusqu’ici commandant de la garde présidentielle, il va diriger un conseil militaire de transition, en attendant qu’un nouveau président soit élu au Tchad. Selon des sources proches de la présidence tchadienne, le fils de Déby s’était opposé à ce que son père se rende au front. Ce départ pour le combat avait été l’occasion de tensions entre des officiers zaghawas, l’ethnie du maréchal Déby, certains poussant le chef de l’Etat à aller au front quand d’autres le prévenaient que c’était trop risqué.
Lorsqu’il a reçu deux balles dans le dos, Idriss Déby était entre la vie et la mort. Son fils, Mahamat Idriss Déby, s’est alors immédiatement rapproché des officiers du premier cercle de la présidence de la république. Car selon la Constitution, cela aurait dû être au président du Parlement de prendre les rênes du pays au moment du décès du président. Mais avec l’armée, pas question de tergiverser : la Constitution a immédiatement été suspendue.
Le FACT veut continuer son offensive
Dans la foulée, le patron de la Garde présidentielle a décidé de dissoudre le gouvernement et l’Assemblée nationale. Le CMT « garantit l’indépendance nationale, l’intégrité territoriale, l’unité nationale, le respect des traités et accords internationaux et assure la transition pour une durée de 18 mois », a indiqué l’armée, alors qu’un couvre-feu a été instauré et que les frontières avec les voisins du Tchad ont été fermées.
Et le fils du maréchal a donc pour mission de gouverner le pays pendant les dix-huit prochains mois. A l’issue de cette transition, Mahamat Idriss Déby promet des élections « libres et démocratiques », selon le communiqué de l’armée. Il affirme également que de nouvelles institutions verront le jour d’ici à un an et demi.
Mahamat Idriss Déby aura fort à faire pour ses premiers pas à la tête du pays : les rebelles, qui mènent une offensive depuis l’élection présidentielle, a rejet « catégoriquement » le nouveau conseil militaire et compte « poursuivre l’offensive », selon les propos de Kingabé Ogouzeimi de Tapol, porte-parole du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT) qui a promis de prendre la capitale, N’Djamena.
La mort d’Idriss Déby est un coup dur pour la France. Paris a déploré la perte d’« un ami courageux ». Et pour cause, Idriss Déby avait promis l’envoi d’hommes dans la région des « Trois-Frontières ». La France réclame une « transition pacifique » et rappelle son « ferme attachement à la stabilité et à l’intégrité territoriale » du Tchad. Mais Paris doit désormais revoir sa stratégie au Sahel, surtout si le Tchad est confronté à une offensive du FACT sur son propre territoire.