Après avoir condamné le coup d’Etat au Burkina Faso, et rejeté la légalité de la démission du président renversé Roch Marc Christian Kaboré, la Cedeao se réunira ce vendredi.
Les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) se réuniront virtuellement ce vendredi 28 janvier. A l’ordre du jour : discuter du coup d’Etat militaire survenu entre dimanche et lundi, le troisième dans la sous-région en quelques mois.
Après avoir quadrillé la capitale Ouagadougou dimanche dernier ; lundi, les militaires burkinabés ont détenu le président Kaboré et plusieurs ministres. Le coup d’Etat, mené par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, est survenu dans le contexte d’une colère populaire grandissante devant l’échec de la politique sécuritaire de Kaboré face à la violence des groupes terroristes dans le pays.
Les membres de la Cedeao avaient déjà condamné le coup d’Etat du Burkina Faso, exigeant que la junte libère Roch Kaboré et tous les autres responsables politiques détenus. Les mêmes demandes ont été formulées par l’Union européenne, les Etats-Unis, et le président français Emmanuel Macron qui affirme soutenir « l’organisation régionale qu’est la Cedeao pour condamner ce coup d’Etat militaire ». Un appel similaire lancé par le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, exhorte les militaires burkinabés à « privilégier le dialogue politique comme solution aux problèmes du Burkina Faso ».
Ce n’est pas seulement le Faso qui a un nouveau chef, mais également l’Uemoa, puisque la fonction n’est pas exercée intuitu personae, mais par le chef d’un Etat membre: Pierre-Henri Sandaogo Damiba est donc le président de facto de l’Uemoa 😅 #CoupDouble
— Nathalie Yamb (@Nath_Yamb) January 27, 2022
La Cedeao, à tort ou à raison, toujours dans la continuité
La réunion de l’instance régionale ouest-africaine aura donc pour but de définir la position du bloc vis-à-vis des militaires aujourd’hui au pouvoir au Burkina Faso. A savoir le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), dirigé par Damiba, à son tour défini comme « président de la transition au Burkina Faso ».
Le sommet de la Cedeao débutera ce vendredi à 10 heures du matin. Si la réaction de la Cedeao aux coups d’Etat au Mali et en Guinée ont montré quelque chose, c’est que l’instance régionale usera de tout ce qui est dans son pouvoir pour mettre la pression sur le MPSR, quitte à imposer un blocus. C’était le cas, récemment, du Mali, qui a vu les pays de la Cedeao rompre leurs relations diplomatiques, économiques et commerciales avec Bamako, en plus de fermer les frontières terrestres et aériennes.
Une décision qui n’a pas réussi, par ailleurs, à intimider le gouvernement malien. Néanmoins, avec « la frénésie militaire » – qualificatif employé par certains médias pour cette série de coups d’Etat – qui s’étend de plus en plus, la Cedeao sent le vent tourner, sa popularité chuter, et sa crédibilité perdue.
Verra-t-on alors cette nouvelle réunion de la Cedeao aboutir à une nouvelle série de sanctions ? Une telle décision serait-elle judicieuse ? La Cedeao voit désormais sa liste d’Etats-membres toujours plus réduite.