Suite aux sept attaques contre sa flotte dans le golfe de Guinée en janvier et février, le géant danois des transports maritimes Maersk a lancé un appel à l’Union européenne. Selon l’armateur, les pays de la Cedeao ne fournissent pas assez d’efforts pour lutter contre ce phénomène.
L’armateur danois Maersk, le plus important dans le monde, a appelé la Présence maritime coordonnée (CMP) de l’Union européenne à étendre son cercle d’influence en incluant plus de pays, ainsi qu’à améliorer la sécurisation des côtes nigérianes, où ont eu lieu la totalité des attaques contre l’armateur, qui a subi pas moins de sept actes de piraterie depuis le début de l’année.
La ministre de la Défense du Danemark, Trine Bramsen, a déclaré à l’AFP que le Danemark pourrait « intervenir seul mais une différence majeure ne peut être atteinte qu’avec la collaboration de la CMP, en particulier la France ».
Personne ne veut se mouiller
Depuis l’intervention franco-britannique musclée dans les eaux internationales au large des côtes somaliennes en 2013, la piraterie dans la Corne de l’Afrique a laissé place à des réseaux criminels de coupeurs de route et de passeurs. Actuellement, c’est dans le golfe de Guinée qu’ont lieu la plupart des actes de piraterie maritime.
Sur 135 enlèvements de marins qui ont eu lieu en 2020, 130 ont été observés entre le Nigeria et le Ghana.
Du côté des Armateurs de France (ADF) et des forces françaises de Côte d’Ivoire, le nœud du problème est facilement identifiable : le Nigéria ne veut pas d’intervention occidentale sur son territoire. L’état-major de la CMP a déclaré à TV5 Monde que « les Danois sont les bienvenus dans la CMP, avec des moyens ».
Des actions inefficaces
Du côté des pays concernés, le Nigéria, le Bénin et le Togo avaient signé un accord de coopération via leurs ministères respectifs de la Défense en 2018, afin d’effectuer des patrouilles communes et d’échanger les informations. Cependant, cela n’a pas permis de faire baisser les chiffres de le piraterie, les pirates s’étant peu à peu déplacés des eaux nigérianes vers les eaux camerounaises.
En 2020, le Bureau maritime international a dénombré 34 incidents dans le golfe de Guinée, dont 19 ont eu lieu en territoire souverain camerounais. 31 membres d’équipage ont été enlevés, contre 44 au Nigéria durant la même période.
Face au silence et à l’inaction du Nigeria et du Cameroun, ainsi qu’au laxisme de la CMP, le BIM a conseillé aux commandants de navires de rester éloignés des eaux camerounaises et de s’en tenir aux zones quadrillées par la marine française légère et par les six frégates italiennes déployées au large du Bénin et du Nigeria.
Plus de 140 vaisseaux de guerre occidentaux naviguent dans le golfe de Guinée depuis octobre 2020. Mais cela n’a pas empêché l’enlèvement des marins du navire chinois « Zhen Hua » en novembre ou le détournement des deux pétroliers équato-guinéens en février.