Le ministre mozambicain de la Défense, Jaime Neto, a adressé une demande officielle d’intervention de la SADC dans la province de Cabo Delgado. Une nouvelle stratégie plus africaine.
Le ministre de la Défense du Mozambique, Jaime Neto, a déclaré jeudi dernier que « la demande d’intervention de la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe) à Cabo Delgado a été formellement finalisée ». Pour le président mozambicain Filipe Nyusi, il s’agit d’un revirement total. Face à la menace insurrectionnelle et terroriste croissante dans la province de Cabo Delgado, Nyusi avait demandé de l’aide à tout le monde… sauf aux pays africains. Mais Nyusi se trouve depuis dimanche à Kigali, où il s’est entretenu avec Paul Kagame.
Une semaine plus tôt, un communiqué du gouvernement rwandais a, semble-t-il, changé la donne. Après une précédente rencontre fin avril entre Nyusi et le président Kagame, le Rwanda a chargé 1 000 soldats de se déployer à Cabo Delgado. Il s’agit de la troisième aide militaire reçue par le Mozambique dans sa guerre contre les ADF et Daech, après celles du Portugal et des Etats-Unis.
Ce nouveau paradigme de la guerre qui se prépare dans la contrée du nord mozambicain implique deux résultats. Premièrement, Kagame n’a pas hésité à provoquer des frictions avec le Portugal, le présumé fer de lance de l’offensive de l’EUBG au Mozambique. Deuxièmement, ce premier soutien africain a ramené Nyusi dans les rangs continentaux. Il faut dire que le président mozambicain avait fini par devenir réticent quant à une éventuelle intervention occidentale.
La SADC répondra-t-elle à l’appel ?
En effet, l’EUBG devait planifier son intervention depuis 2020. Toutefois, le président Filipe Nyusi a refusé d’accorder la permission au déploiement des troupes européennes, après que la diplomatie américaine a estimé que les rebelles des ADF faisaient partie de l’Etat Islamique. Nyusi a accepté un premier déploiement d’instructeurs militaires portugais et américains, mais s’est arrêté là.
La mission de l’ONU en RDC a publié un rapport, dénonçant un amalgame américain entre Daech et les ADF, ces derniers étant le groupe terroriste le plus dangereux selon Nyusi. De quoi créer des premières tensions entre lui et l’Occident. Désormais, il se tourne plutôt vers l’Afrique. Il a accepté, lundi dernier, l’arrivée des soldats rwandais. Puis, le 22 juillet, son ministre de la Défense a adressé une correspondance officielle à la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), demandant un appui militaire des Etats membres.
Toutefois, des mercenaires sud-africains sont déjà sur le terrain depuis des années. Ils sont d’ailleurs accusés de crimes de guerre et d’avoir faire empirer la situation à Cabo Delgado. L’appel du Mozambique à la SADC serait-il donc la dernière solution pour le pays ?
L’Europe semble en tout cas désormais hors-jeu. Les soldats de Kagame prendront de facto la position des instructeurs portugais. Et si la SADC consent à une aide militaire au Mozambique, l’EUBG aura mobilisé des milliers de soldats pour rien. L’Union européenne ne compte toutefois pas rapatrier ses soldats tout de suite. Actuellement en garnison en Italie, et si on en croit les résolutions du dernier sommet de l’OTAN à Bruxelles, ces soldats seront probablement redirigés vers une autre zone de l’Afrique, le Sahel.
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