Désireux de se présenter à la présidentielle libyenne de décembre 2021, Saïf al-Islam Kadhafi devrait très prochainement prendre la parole publiquement.
Il est toujours porté disparu. Et pourtant, Saïf al-Islam Kadhafi caresse un rêve, celui de succéder à son défunt père, le colonel Mouammar Kadhafi. Selon plusieurs sources concordantes, le deuxième fils du « Guide de la révolution » envisage de sortir de l’ombre pour se présenter à la prochaine élection présidentielle. Vivant dans le silence depuis une dizaine d’années, il se serait déjà entouré de plusieurs conseillers. Lors d’une première réunion téléphonique, il a décliné son identité et assuré ses interlocuteurs qu’il allait bien, indique The Times.
La bataille sera rude et âpre. S’il est clairement l’un des favoris pour la présidentielle à venir, Saïf al-Islam Kadhafi doit surtout régler un problème de taille : après la chute des derniers bastions kadhafistes en 2011, le fils Kadhafi était passe dans la clandestinité. Arrêté dans le sud du pays avant d’être relâché deux ans plus tard, Saïf al-Islam Kadhafi est, de plus, sous le coup d’un mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale et Interpol. Il est accusé de crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Saïf al-Islam Kadhafi parlera bientôt
Pour présenter sa candidature, Saïf al-Islam Kadhafi doit également convaincre à l’international. Il aurait déjà contacté des diplomates occidentaux pour pouvoir sortir de son silence sans être inquiété par une éventuelle arrestation. En attendant, le fils Kadhafi devrait, dans peu de temps, prendre la parole publiquement. Reste à savoir par quel canal et surtout s’il donnera des informations sur le lieu où il se trouve.
En attendant, Saïf al-Islam Kadhafi et ses conseillers préfèrent rester discrets. Ils savent que le fils du colonel pourrait ne pas être éligible, si la loi électorale qui doit encore être proposée est taillée sur mesure par les opposants à Kadhafi. D’autant que même en Libye, il est menacé d’arrestation.
Dans sa course à la présidence libyenne, Saïf al-Islam Kadhafi pourra compter sur un allié de poids au niveau international : la Russie. Le Kremlin avait fait envoyer deux agents politiques en 2019 qui avaient été arrêtés à Tripoli. Les deux hommes avaient rencontré le fils Kadhafi avant d’être accusés par le GNA de tenter d’« influencer le cours des prochaines élections ». Une présentation PowerPoint avait été confisquée, dans laquelle ils proposaient des actions à La Haye pour faire pression sur la CPI.
Reste à savoir comment sera taillée la prochaine loi électorale. Alors que les élections doivent se dérouler en décembre prochain, les Etats-Unis feront sans doute pression sur les autorités libyennes actuelles pour inscrire dans le texte un article interdisant à Saïf al-Islam Kadhafi de se présenter.
Une opposition nationale virulente
Selon The Times, Saïf al-Islam Kadhafi est persuadé que les charges retenues contre lui par la CPI vont être annulées. Mais le fils du colonel estime que la plus grande opposition à sa candidature viendra de Libye. Selon son entourage, Kadhafi pourrait bénéficier d’une belle popularité auprès du peuple libyen, notamment dans le sud et le centre du pays, nostalgique de l’ancien régime, mais il craint que le vote présidentiel soit effectué par les parlementaires, dans le but de l’écarter d’une éventuelle victoire.
Ses opposants, Saïf al-Islam Kadhafi s’en méfie comme de la peste. Selon plusieurs médias libyens, le fils du maréchal Haftar, Saddam, aurait tenté de faire tuer Kadhafi, visant lui aussi la présidence libyenne. Saïf al-Islam Kadhafi devra donc choisir le bon moment pour ses premières sorties publiques et devra rester prudent. Il aura enfin deux dernières missions : la première, tenter de réunir le reste de sa famille derrière lui. La seconde, proposer un programme pour le peuple libyen. Déconnecté du pays depuis plusieurs années, il devra à nouveau se familiariser avec les problèmes sociaux de ses citoyens et reprendre sa volonté réformatrice qui avait fait de lui l’héritier désigné du colonel et le fils Kadhafi préféré des diplomates et dirigeants étrangers.