Après avoir été accusé par Middle East Eye de vouloir un coup d’Etat constitutionnel, Kaïs Saïed a réagi. Sans toutefois véritablement clarifier la situation.
Il aura fallu attendre près de quatre jours pour que le président de la République tunisienne réagisse à un article de Middle East Eye indiquant qu’il préparait un coup d’Etat institutionnel. Kaïs Saïed était en effet accusé de vouloir utiliser l’article 80 de la Constitution tunisienne, qui indique que, « en cas de péril imminent menaçant les institutions de la nation et la sécurité et l’indépendance du pays et entravant le fonctionnement régulier des pouvoirs publics, le président de la République peut prendre les mesures nécessitées par cette situation exceptionnelle ». Professeur de droit constitutionnel, le président tunisien est considéré par ses opposants comme un ennemi des institutions.
Après plus de 72 heures de silence, Kaïs Saïed s’entretenait avec son chef du gouvernement, Hichem Mechichi, et avec le ministre de la Défense, Brahim Bartag. Le président a fini par indiquer clairement que le document mentionné par Middle East Eye était un faux : « Nous ne sommes pas les partisans d’un coup d’Etat, ni de ceux qui dérogent aux règles de la légitimité, mais nous sommes plutôt en faveur de la complémentarité entre les institutions ».
Kaïs Saïed a rappelé qu’« il doit y avoir une coordination totale entre les institutions de l’Etat », avant d’affirmer que « l’Etat ne peut pas être géré séparément, car l’Etat est indivisible, avec ses différentes institutions opérant dans le cadre de la loi ».
Une tentative de discrédit du journal proche du Qatar qui reste floue. Car concernant le document, le président tunisien a simplement affirmé qu’« il est désolant d’évoquer des questions telles que le document fuité. Paradoxalement, lorsqu’un message vous parvient, vous êtes censé rendre des comptes, alors qu’à la base nous devons chercher qui a envoyé le message ».
S’il assure être à la tête d’« un État fondé sur les institutions et le respect de la loi et de la Constitution en premier lieu, et non sur des questions liées aux personnes », Kaïs Saïed est resté fidèle à ses habitudes, ne démentant pas clairement les propos des journalistes de MEE mais tentant des pirouettes linguistiques. A en croire ses mots, le chef de l’Etat ne portera en tout cas pas plainte contre le journal : « Il y a le parquet, qui doit agir de son propre chef et quiconque veut se protéger par la Constitution et l’immunité, qu’il le fasse », a-t-il simplement dit dans des propos traduits par l’agence de presse turque Anadolu.