Alors que le FMI négocie avec la Tunisie un prêt de 4 milliards de dollars, les discussions sont au point mort. De quoi rendre la situation sur place très délicate.
Comme si cela ne suffisait pas. Confrontée à une crise politique sans précédent, avec un président de la République de plus en plus isolé et un chef du gouvernement qui tente de jouer ses dernières cartes pour ne pas avoir à quitter la Kasba, la Tunisie doit également faire face à une crise sociale. Les comptes du pays sont dans le rouge. Le mois dernier, le pays a donc entamé des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI). Objectif : obtenir un prêt de 4 milliards de dollars.
Mais le ministre de l’Economie et des Finances, Ali Kooli, semble être confronté à un obstacle de taille : alors que le FMI impose un plan de réduction des dépenses publiques, la Tunisie n’arrive pas à répondre favorablement aux demandes de l’institution de Bretten Woods. De son côté, le FMI a des exigences claires : il demande au pays du Maghreb de réduire considérablement le nombre de ses fonctionnaires. Il demande également au gouvernement de mettre fin à la caisse de compensation, ou en tout cas de revoir son fonctionnement, qui octroie des subventions sur certains produits de base comme la farine.
Mais sans alternative, difficile pour le gouvernement Mechichi de supprimer cette caisse de compensation qui permet aux Tunisiens de payer leur baguette quotidienne moins de 7 centimes d’euros. Les prix de la vie quotidienne ont explosé ces dernières années. Selon des sources proches proches du gouvernement, le ministre de l’Economie et des Finances œuvre quasiment seul dans ce dossier et n’arrive pas à trouver de solution. Ali Kooli devait d’ailleurs se rendre aux Etats-Unis pour des discussions avec le FMI, mais cela ne s’est pas fait.
La Tunisie face à elle-même
En désaccord avec son chef de gouvernement, le président Kaïs Saïed a bien tenté, de son côté, d’entamer des pourparlers avec l’institution financière, lors de son voyage à Paris à l’occasion du Sommet sur les économies africaines, le 18 mai dernier. Mais malgré un dialogue constructif avec la France et, notamment, le Premier ministre Jean Castex, le FMI refuse toujours de revoir sa position.
Depuis un mois, la Tunisie est donc devenu un terrain de jeu pour les banquiers d’affaires et les conseillers en tout genre qui tentent d’offrir leur service à un pays dans l’impasse. Mais selon Africa Intelligence, la banque Southbridge a proposé ses services pour entamer des levées de fonds, sans succès, tout comme la banque Rothschild. Même Dominique Strauss-Kahn qui, selon nos informations, a quitté Tunis le 13 avril dernier, n’a pas réussi à s’imposer.
Le Fonds monétaire international attend donc des efforts de Tunis. Mais confrontée à une impasse dans le dialogue national, à une crise socio-politique qui ne se termine pas et face à un syndicat comme l’UGTT qui voit d’un mauvais œil un possible plan de réduction de la masse des fonctionnaires en Tunisie, le pays voit désormais le défaut de paiement se rapprocher inexorablement.