Outre la France et l’Espagne, les représentations diplomatiques européennes ont quitté Malabo. La relation de la Guinée équatoriale de Teodoro Obiang Nguema est tendue avec l’Union européenne.
L’affaire des « biens mal acquis » du président Teodoro Obiang Nguema, jugée en France, a-t-elle sonné le glas de la diplomatie équato-guinéenne ? Etonnamment, le pouvoir en Guinée équatoriale voit les ambassades européennes fermer les unes après les autre… mais pas celle de la France. Pourtant, c’est bien entre Paris et Malabo que la tension est palpable. En effet, après la décision de justice concernant les bien mal-acquis d’Obiang, Paris avait écrit à Malabo pour déménager son ambassade de l’avenue Foch. La Guinée équatoriale a opposé un non catégorique à la demande française. Et si la justice française menace de saisir le bâtiment, la Guinée équatoriale rappelle que les murs lui appartiennent.
Le président équato-guinéen en veut à Emmanuel Macron. Et l’a fait savoir, quelques jours après la réception du courrier, en discutant avec l’ambassadeur de France à Malabo, Olivier Brochenin. Obiang aurait annoncé au diplomate son intention de couper les ponts avec son homologue français et de rappeler ses diplomates présents à Paris. Selon Jeune Afrique, Obiang aurait demandé à Alassane Ouattara, Denis Sassou N’Guesso et Mahamadou Issoufou de l’aider à faire pression sur la France. Par ailleurs, l’ambassadeur équato-guinéen à Paris, Miguel Oyono Ndong Mifumu, a touché un mot de la volonté de son président d’être ferme au ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.
Des tensions avec l’Espagne
Mais la Guinée équatoriale doit composer avec d’autres dossiers chauds, en termes de diplomatie : un ambassadeur de l’Union européenne doit arriver à Malabo. Sauf que le ministre des Affaires Etrangères n’a, pour le moment, pas encore donné son feu vert à l’Europe. Philippe Van Damme ne devrait donc pas poser ses valises à Malabo dans les prochaines heures, comme l’UE l’espérait. Officiellement en tout cas, car le Belge est en réalité physiquement présent dans la capitale équato-guinéenne depuis deux mois.
Il faut dire qu’entre les Etats européens et la Guinée équatoriale, le torchon brûle depuis plusieurs jours. Berlin a, le mois dernier, fait fermer son ambassade. Et l’Allemagne n’est pas seule : les Pays-Bas, le Royaume-Uni ou encore le Portugal ont décidé de ne plus avoir de représentation sur place. Certes, l’Allemagne, par exemple, assure que le déménagement de ses services diplomatiques de la Guinée équatoriale au Cameroun s’explique par des raisons de logistiques. Mais la Guinée équatoriale y voit un affront.
Comme le rappelle Africa Intelligence, seuls deux pays membres de l’UE ont encore une chancellerie diplomatique à Malabo. Outre la France, l’Espagne a conservé ses diplomates dans la région. Mais comme Paris, Madrid a des relations compliquées avec le pouvoir équato-guinéen. Depuis la fin de l’année dernière, deux mandats d’arrêt ont été émis par la justice espagnole à l’encontre de Candido Nsue Okomo, frère de la Première dame. Il est reproché à l’exilé d’avoir fourni des pots-de-vin à un commissaire espagnol il y a huit ans.