A l’issue des sommets de la Cedeao et de l’Uemoa, les présidents ouest-africains ont décidé de rompre leurs relations diplomatiques avec le Mali, de fermer les frontières communes et de geler les avoirs maliens à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest.
La rupture est totale, entre le Mali et le bloc des quinze pays ouest-africains dont les chefs d’Etat se sont réunis ce dimanche. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a refusé de chercher un quelconque compromis avec le Mali à propos de la feuille de route proposée par les militaires maliens.
Le sommet des chefs d’Etat a également adopté de nouvelles sanctions à l’égard de Bamako : la rupture des relations diplomatiques et la fermeture des ambassades, la suspension des transactions commerciales avec les pays membres, ainsi que la fermeture des frontières terrestres et aériennes.
C’est une autre sanction économique qui a provoqué l’ire du gouvernement malien : le gel des avoirs du Mali par la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). « Le gel des avoirs d’un Etat ne saurait être appliqué par la Banque centrale qui reste un organe indépendant auquel chaque Etat membre a concédé son droit souverain d’émission », déplore le gouvernement malien dans un communiqué.
Le gouvernement du Mali considère d’ailleurs les sanctions de la Cedeao comme « illégales et illégitimes », mais aussi « inhumaines », et déplore son hétérogénéité avec « la solidarité et l’idéal panafricain ».
Le Mali accuse aussi, presque ouvertement, la Cedeao de s’être faite dicter sa décision par la France, sans nommer cette dernière. « Le gouvernement du Mali regrette que des organisations ouest-africaines se fassent instrumentaliser par des puissances extra-régionales aux desseins inavoués », déplore le gouvernement malien.
Vers un conflit militarisé ?
De son côté, Bamako a décidé d’appliquer la réciprocité et de rappeler ses ambassadeurs auprès des Etats membres de la Cedeao. Le gouvernement malien veut également se prémunir contre un « déploiement des forces étrangères » sur son territoire et appelle l’armée à « redoubler de vigilance et rester mobilisée ».
Quoi qu’il en soit, cette décision de la Cedeao prouve, encore une fois, que l’organisation ne fera pas de concessions sur le dossier malien.
Mais de quoi l’isolement du Mali est-il le nom ? « Cet isolement ne sert que les intérêts d’une France hostile et déraisonnable vis-à-vis du Mali », résume un observateur, qui déplore également les conséquences sécuritaires de cette décision de la Cedeao. Alors que les pays du bloc devraient faire front face à la menace du terrorisme transfrontalier, la désunion sert les intérêts des groupes armés.
Des décisions dont les conséquences restent encore inconnues.
Le comportement de la Cedeao envers le Mali est proportionnel à la rage de la France de perdre ce qu’elle considère être sa chasse-gardée géopolitique et surtout, sa réserve de ressources naturelles. Les ennemis noirs et blancs du peuple malien avancent à visages découverts.
— Nathalie Yamb (@Nath_Yamb) January 9, 2022