Le président algérien, tout juste de retour dans son pays, a annoncé une série de mesures, deux ans après les premières manifestations hostiles au régime.
Dès son retour d’Allemagne, où il avait été hospitalisé, Abdemadjid Tebboune avait initié des discussions avec les principaux partis d’opposition qui pressentaient des élections législatives anticipées. En tout, les 13 et 14 février, ce sont six responsables de formations politiques qui avaient rencontré le chef de l’Etat pour évoquer ce sujet, mais également son état de santé, le Hirak ou encore son agenda politique. Alors que les mouvements de protestation en Algérie fêtaient leurs deux années d’existence, le président Tebboune a montré à ses visiteurs qu’il voulait lâcher du lest.
Premières libérations des détenus d’opinion
Abdemadjid Tebboune est rapidement passé aux actes. Le 18 février, le chef de l’Etat évoquait, à la télévision, le Hirak qui, selon lui, « a sauvé l’Algérie ». Dans son allocution, le président a promis « d’accorder la grâce présidentielle à une trentaine de personnes pour lesquelles une décision de justice avait été rendue ainsi qu’à d’autres pour lesquelles aucun verdict n’a été prononcé. Entre 55 et 60 personnes rejoindront à partir de ce soir ou demain leur famille ».
Le lendemain, comme un symbole, le journaliste Khaled Drareni était libéré après onze mois d’une détention jugée arbitraire par les ONG. Les libérations de plusieurs militants du Hirak ont également été observées dans les wilayas de Bordj Bou Arreridj, Tébessa, M’Sila, Saïda ou encore à Tamanrasset et Adrar. Un premier pas avant des changements politiques de fond ?
Le président Tebboune avait assuré aux chefs de file des différents partis d’opposition qu’il voulait rompre avec les pratiques du passé. Cela passera par une dissolution de l’Assemblée populaire nationale (APN) et une convocation d’élections législatives anticipées. Le chef de l’Etat veut ainsi « ouvrir ses portes à la jeunesse », un an et demi après une élection présidentielle boudée par cette même jeunesse.
Insuffisant pour calmer la contestation ?
Des gestes forts, mais surtout opportunistes : après deux ans de tensions dans les rues et sur les réseaux sociaux, les militants du Hirak bénéficient désormais d’un soutien accru de la population, à cause d’une crise économique due à la chute des cours du pétrole ces dernières années et d’une crise sanitaire qui n’arrange rien.
Politiquement, Abdemadjid Tebboune veut envoyer des signaux. Et cela commencera par, dans les prochaines heures, un remaniement ministériel. Lors de son allocution télévisée, le président algérien a affirmé que ce remaniement concernerait « des secteurs qui enregistrent des déficits dans leur gestion ressentis par les citoyens et nous mêmes ».
Mais ces derniers mois, les militants du Hirak demandaient que la rupture politique passe également par… un départ de Tebboune du pouvoir. Les gestes symboliques du président suffiront-ils à calmer ses opposants ? Pas si sûr…