Le président de la République démocratique du Congo et de l’Union africaine, Félix Tshisekedi, prendra l’an prochain la tête de la CEEAC. Il succédera à Denis Sassou N’Guesso.
A la tête de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), un Congo laisse place à un autre Congo. Le président de la Commission de la CEEAC, Gilberto Da Piedade Verissimo, a déclaré après une rencontre avec Félix Tshisekedi à Kinshasa que le président de la RDC « a donné son accord pour succéder à son homologue Denis Sassou N’Guesso ». Un accord sans doute chapeauté par « l’empereur » qui, en 2022, comptabilisera dix ans cumulés à la tête de l’instance. Le président du Congo-Brazzaville cèdera sa place fort d’un bilan positif.
Denis Sassou N’Guesso passera le flambeau à son homologue et voisin de Kinshasa après deux années particulièrement animées au sein de la CEEAC. Des soucis économiques dus à la pandémie de la Covid-19 à une année de sécheresse dans la région, en passant par une récession économique… Malgré les éléments en sa défaveur, Sassou N’Guesso a réussi à tenir la barre de l’instance, se démarquant de la passivité d’Ali Bongo, avant lui. La diplomatie a été au cœur du mandat de DSN : gestion de la crise centrafricaine, décès d’Idriss Déby et règlement des tensions au Tchad : Denis Sassou N’Guesso a réussi, avec la CEEAC, à imposer la paix dans chacun de ces dossiers.
Tshisekedi dans la cour des grands
De son côté, Félix Tshisekedi a présidé l’Union africaine (UA). Son bilan est plus mitigé au sein de l’instance continentale. Mais les relations entre les deux Congo ont été plus intenses ces derniers mois, ce qui explique certainement le retour de la République démocratique du Congo à la tête de la CEEAC. Si, dans les années 1980 et 1990, la RDC a enchainé deux années de présidence et quatorze ans à la tête de la Commission, elle était absente des instances dirigeants de la CEEAC depuis 1998. Que ce soit pour la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement ou à la Commission de la CEEAC, l’Afrique centrale préfère clairement les leaders les plus expérimentés. Idriss Déby et Ali Bongo ont ainsi été largement plus sollicités que les présidents successifs de la RDC.
Jusqu’à la déclaration de l’Angolais Gilberto Da Piedade Verissimo, les pronostics à propos de la succession de Denis Sassou N’Guesso allaient bon train : les tendances penchaient plutôt vers l’Angola. Le président João Lourenço était en effet pressenti pour prendre la succession de DSN. Des rumeurs persistantes évoquaient aussi une présidence rwandaise. Toutefois, avec Lourenço qui pilote un plan économique national d’envergure dans son pays et Paul Kagame qui a décidé de se tourner vers l’Afrique de l’Est, Félix Tshisekedi a eu une bonne carte à jouer.
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Autrefois, la présidence de la CEEAC était symbolique. Mais l’intervention de la CEEAC lors de la crise sur les frontières entre le Tchad et la RCA, ainsi que la levée de l’embargo en Centrafrique ont redoré le blason de l’instance, devenue un véritable outil de diplomatie pour l’Afrique centrale. L’accord du rééchelonnement des dettes par le FMI et la Banque Mondiale, piloté par la CEEAC au nom de tous les pays de la sous-région, a d’ailleurs été l’une des réussites de la CEEAC ces dernières années, malgré une pression européenne intense. Sur ce dernier point, les bons rapports entre Tshisekedi et les Etats-Unis ont grandement pesé.
Diplomatie : la RDC devient hyperactive
Depuis le début de son mandat à la tête de l’UA, Félix Tshisekedi a su maintenir l’équilibre dans ses relations avec les diverses diplomaties. Depuis qu’il est président de la RDC, le pays n’a jamais eu d’aussi bonnes relations avec ses voisins. L’exercice d’équilibriste de Tshisekedi dans ses rapports avec le Rwanda, le Burundi, l’Ouganda et le Congo-Brazzaville relève de l’exploit.
Car cela n’a pas toujours été le cas. Jusqu’en mai dernier, la RDC connaissait des tensions avec les pays de l’Est africain. Actuellement, non seulement Tshisekedi est épaulé par quatre pays de l’EAC sur les plans commercial et militaire, mais il cherche même à intégrer la communauté.
Sous Kabila, la diplomatie africaine de la RDC était au plus bas. Entre la gestion de la crise des réfugiés angolais, l’explosion du phénomène terroriste dans l’est du pays — Kabila était particulièrement passif dans la lutte antiterroriste —, l’hostilité envers les autorités du Sud-Soudan et l’inexistence de rapports avec la Tanzanie, la Zambie et la Centrafrique, Kabila a laissé à son successeur de nombreux chantiers.
16 ans de règne de Kabila et un bilan calamiteux tant bien social, qu'économique ou diplomatique. #KabilaMustGo la nation mérite mieux !
— 2VK (@Mrs__Excellence) May 23, 2017