Depuis samedi, les émeutes en Afrique du Sud s’intensifient. Le gouvernement, lui, reste discret. Mais du côté de l’opposition, Julius Malema est sorti de son silence, avant d’être censuré par Twitter.
C’est le chaos en Afrique du Sud. Une semaine nous sépare de l’emprisonnement de l’ancien président Jacob Zuma et du début des manifestations dans le Gauteng et le KwaZulu-Natal (KZN). Samedi dernier, ces manifestations se sont rapidement transformées en émeutes. Et les évènements du KZN et de Johannesburg rappellent vivement une prévision de l’ancien chef de la ligue de jeunesse du Congrès national africain (ANCYL), Julius Malema. L’actuel chef des Combattants pour la liberté économique (EFF) avait en effet prévu, en 2011, une « révolte sans chef » qui renverserait le « capital blanc monopoliste ».
Une « révolte sans chef » peut-elle être arrêtée ?
Force est de constater que les violences continuent et se propagent en Afrique du Sud. La cause des émeutiers n’est plus de libérer Jacob Zuma, mais de trouver de la nourriture. Les dégâts sont si élevés que le gouvernement fait état de 7 millions de dollars en biens saccagées. Plus de 100 000 personnes ont pris part aux émeutes, et la mouvance n’a pas de chef.
Au début, on accusait le fils de Jacob Zuma, Edward, d’attiser les tensions. Or, Edward s’est plié à l’appel au calme du roi zoulou Misuzulu Zwelithini, comme tous les autres guerriers tribaux de la nation Zulu. Selon le roi zoulou, son peuple ne participera plus aux manifestations, mais sa « rage est grande » face à l’emprisonnement de Jacob Zuma et au « football politique » qui manipulerait les Zulu.
Zwelithini a déclaré : « Ne laissons pas la politique corrompre la dignité de notre nation. Nous sommes meilleurs que cela : un peuple digne. Respectons donc la loi afin que l’ordre revienne dans le KwaZulu-Natal ».
Julius Malema, en contrepartie, est focalisé sur l’action du gouvernement, qu’il a toujours critiquée. Depuis lundi, Malema a préféré de multiplier les discours dirigés à l’Etat, mais pas seulement. En effet, Malema considère que les chefs de l’ANC sont en faute. Il a déclaré : « Où sont les leaders pour parler à leur peuple ? Ont-ils peur du peuple ? La réponse est oui, et la prochaine question devrait être : Pourquoi sont-ils les chefs en premier lieu ? ».
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Julius Malema exige le retrait des soldats
Malema a également focalisé sa critique contre le déploiement de l’armée dans le Gauteng et le KZN. La tendance #NoToSoldiers – comprenez « Non aux soldats » – a donc démarré sur les réseaux sociaux. Les civils accusent le gouvernement d’avoir eu la main trop lourde dès le début des manifestations. De son côté, Julius Malema a menacé de se joindre aux manifestations avec ses partisans.
Par contre, du côté de l’ANC, Jessie Duarte a admis, lors d’une conférence de presse, que les différends politiques au sein du parti avaient attisé un peu plus les émeutes. Elle précise toutefois que le tribalisme et la participation de criminels a provoqué une hausse de la violence dans les rues.
Depuis dimanche soir, le président Cyril Ramaphosa a disparu des médias. Bien qu’il soit compréhensible que l’Etat intervienne avec les forces armées, il est impossible de savoir si les renforts promis ce mercredi par la ministre de la Défense résoudront la crise ou l’envenimeront. Actuellement, au moins 80 civils, une dizaine de policiers et trois soldats sont morts lors des émeutes. Il n’est toujours pas clair si la responsabilité incombe à une partie en particulier. Néanmoins, les accusations fusent de toutes parts. Avec les jours sanglants qui se succèdent en Afrique du Sud, Malema prendra-t-il part aux manifestations ? Et réussira-t-il à calmer l’ardeur des manifestants ?
En tout cas, Twitter a décidé de suspendre le compte de Julius Malema. Mbuyiseni Ndolzi a répondu en tweetant : « Cher Twitter, n’étouffez pas les voix qui appellent à des solutions politiques pour les problèmes politiques. Suspendre le compte (de Malema) donne un clair avantage aux tueurs racistes assoiffés de sang en Afrique du Sud. Ceux qui n’ont aucune considération pour la vie des noirs ».
Dear @twitter don’t silence voices that are calling for a political solution to politics problems as opposed to violence & massacres. Your suspension of this account gives advantage to bloodthirsty racist killers in South Africa with no regard for black lives. #BlackVoicesMatter pic.twitter.com/SQsdk4A4p0
— Mbuyiseni Ndlozi (@MbuyiseniNdlozi) July 13, 2021