Le cinquième et plus jeune membre de l’Autel de Contrôle de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) ougandaise, Dominic Ongwen, a été condamné à 25 ans de prison pour crimes de guerre.
Hier soir, la Cour Pénale Internationale (CPI) a prononcé son verdict à l’encontre de Dominic Ongwen. Depuis le 4 février, la CPI l’a reconnu coupable pour 61 chefs d’accusation. Agé de 41 ans, il écopera de la seconde peine plus lourde de l’histoire de la cour, pour des crimes de guerre. La décision du CPI intervient deux mois après celle prononcée à l’encontre de Bosco Ntaganda, le « Terminator » de la RDC.
Le bras droit du Messie sanglant
En 1990, Ongwen a été kidnappé par la LRA, il était depuis un enfant-soldat au sein du mouvement armé insurrectionnel. Ensuite, en 2005, des rumeurs de sa mort ont circulé, démenties par la CPI un an plus tard. Puis, en septembre 2007, son apparition a été remarqué dans un documentaire tourné en Ouganda. L’armée ougandaise et les milices Seleka ont pourchassé le chef de guerre déchu pendant 8 ans. De son côté, Ongwen a continué le trafic d’armes et la traite d’enfants. Il a commis beaucoup d’exactions pendant qu’il était fugitif.
Néanmoins, il a commis ses pires crimes au sein de la LRA. Ongwen était sous le commandement de Joseph Kony, le prédicateur et le général du mouvement armé surnommé le « Messie sanglant ». La LRA a combattu le gouvernement ougandais depuis le Nord du pays et les territoires voisins. Selon le juge de la CPI, Bertram Schmitt, Ongwen aurait « tué personnellement et volontairement, parfois pour le plaisir, des centaines d’innocents ». Cependant, la CPI a aussi admis que l’inculpé était lui-même une victime. En effet, avant d’atteindre son rang de leader, Dominic Ongwen a souffert des souffrances extrêmes aux mains de la LRA.
🎥 The #Ongwen trial in numbers.
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Une condamnation « légère » selon la CPI
Actuellement, la LRA n’existe plus, même si Joseph Kony est encore en liberté. L’un des épisodes plus tragiques de la carrière d’Ongwen a été l’attaque d’un camp de réfugiés ougandais. En 2009, son bataillon a fait un raid de quatre jours sur un camp en RDC, tuant 346 civils. Il avait aussi enlevé 250 enfants.
Plus tard, en 2015, un groupe de miliciens Seleka l’a capturé en République centrafricaine (RCA). Sa détention est arrivée alors qu’il était en route pour se rendre aux forces américaines. Toutefois, ses geôliers Seleka l’ont quand même livré à la MID d’Africom. Le transfert a été payé au prix fort, successivement aux miliciens, puis à l’armée centrafricaine. Les Américains ont déboursé 3 millions de dollars pour remettre Ongwen à la CPI. Il aurait, selon ses avocats, subi des semaines de torture.
Donc, selon les magistrats de la CPI, la peine de 25 ans d’emprisonnement serait régie par des circonstances atténuantes. Cela est dû à l’endoctrinement d’Ongwen à un jeune âge par la LRA. La cour a cependant réfuté l’un des arguments de la défense. Les avocats d’Ongwen avaient avancé que ses capacités mentales étaient atteintes de troubles psychologiques. La CPI a retenu qu’il était, au contraire, sujet de droit, et en pleine capacité juridique.
Néanmoins, la CPI a accompagné son verdict d’une recommandation favorable, malgré les circonstances aggravantes. Le juge Schmitt reconnait, en effet, « la possibilité future de réintégration dans la société » pour Ongwen. Cette condamnation marque cependant une activité inhabituelle de la CPI. Enfin, même si les crimes sont souvent graves, les inculpés par la cour sont fréquemment des citoyens du même continent, l’Afrique.