En décidant de donner la priorité à son marché national et de limiter les exportations du vaccin AstraZeneca, l’Inde risque d’affaiblir l’initiative Covax et l’approvisionnement de doses en Afrique.
Après avoir pris un certain retard, l’initiative Covax avait finalement débuté avec des livraisons de vaccins, pour ce qui est des pays africains, au Ghana et en Côte d’Ivoire début mars. Les deux Etats avaient reçu des doses du vaccin AstraZeneca et début leurs campagnes de vaccination. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) prévoyait alors l’envoi de doses « régulièrement au cours des prochains mois ».
Quarante pays africains sont concernés par cette initiative, lancée par la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI), GAVI (l’Alliance du Vaccin), et l’OMS. L’Union africaine avait également décidé de débloquer des fonds pour accélérer l’accès aux doses vaccinales. Rien que pour le continent, l’initiative Covax doit permettre d’importer 600 millions de doses en 2021, auxquelles s’ajoutent les 270 millions de doses achetées par l’UA.
Les expéditions de mars et avril retardées
Mais l’initiative a connu un sérieux coup d’arrêt ces derniers jours. L’Inde, qui a besoin de vaccins pour sa population, a en effet décidé de limiter les exportations du vaccin d’AstraZeneca, fabriqué par le Serum Institute of India. Certes, il s’agit d’une décision provisoire. Mais impossible, pour l’heure, de savoir quand reprendront les livraisons de vaccins.
Une information confirmée par GAVI jeudi dernier. L’Alliance du vaccin a admis que les livraisons allaient « être retardées faute d’avoir obtenu des licences d’exportation pour les doses supplémentaires de vaccins (…) produites par le Serum Institute of India (SII) qui devaient être expédiées en mars et avril ».
Plusieurs pays, à l’instar du Maroc, avaient pris les devants en commandant leurs propres doses de vaccin. L’Algérie se débrouille elle aussi seule, bien qu’elle compte largement sur l’initiative Covax, qui prévoit l’envoi de 1,8 millions de doses du vaccin AstraZeneca. Si certains laboratoires, notamment en Corée du Sud et en Chine, n’ont pas annoncé de ralentissement de leurs exportations, la pause de SII inquiète les bénéficiaires de l’initiative : Covax vise à fournir, d’ici à la fin de l’année 2021, des doses à 20 % de la population des nations participantes.