Le très controversé groupe du milliardaire français Vincent Bolloré a été condamné à verser 22 millions d’euros à la société Sopam SA. Après son refus d’exécuter la décision de la justice, ses biens au Burkina ont été saisis.
Du Sénégal à la Guinée, en passant par le Rwanda et jusqu’au Burkina Faso, l’empire de Vincent Bolloré s’effrite. Et les tribunaux de chaque pays commencent à s’intéresser à la société du Français. Au pays des hommes intègres, trois filiales du groupe Bolloré avaient été condamnées à un dédommagement de 22 millions d’euros, dans le cadre de l’affaire Sospam, une société dirigée par Mohamed Sogli. Toutefois, Bolloré n’a pas procédé au paiement de la somme. La justice a ordonné une saisie des biens du groupe depuis le 14 juin.
Le groupe Bolloré est géré par le fils de son fondateur, Vincent Bolloré, depuis plusieurs années. Il est aussi confronté à des ennuis judiciaires en France et dans plusieurs pays d’Afrique. La multinationale de transport, d’énergie et de communication est un véritable empire. Toutefois, Bolloré intéresse de plus en plus la justice, ayant échangé des concessions contre des contrats de communication politique. Vincent Bolloré avait reconnu les faits qui lui sont reprochés en France, concernant l’affaire de la concession portuaire au Togo, mais il n’avait pas obtenu la fin des poursuites malgré un accord trouvé avec le juge.
Au Burkina Faso, le groupe Bolloré a tenté de se racheter auprès des autorités en s’impliquant dans le travail humanitaire. Néanmoins, la justice a fini par conclure que trois filiales du groupe avaient causé les avaries subies par le groupe électrique, commandé par Sopam SA dans le cadre des travaux de la centrale électrique de Komsilga.
Une condamnation à 22 millions d’euros
La région de Komsilga, sous la menace de l’insécurité due aux groupes terroristes au Nord, avait fait appel à Bolloré en 2010 pour le transport d’un groupe électrique. Des travaux avaient été lancés pour la construction d’une centrale. La filiale de Bolloré, Sagatrans, avait été chargée du transport, confiant la transition en France et en Côte d’Ivoire à deux autres filiales du même conglomérat.
La taille du colis et son importance demandaient des autorisations pour le transport par voie terrestre. Ce qui n’a pas été une tâche difficile pour Bolloré, bien connecté aux hautes sphères politiques en France et en Côte d’Ivoire. Toutefois, le groupe électrique arrivé à Abidjan, Sagatrans l’a abandonné et laissé face aux intempéries et aux avaries.
Or, Sopam SA a été critiquée pour le retard de livraison et éliminée des marchés publics burkinabé. Que le groupe Bolloré, évidemment, a repris en grande partie. Ces délits concurrentiels font l’objet de nombreuses autres plaintes en justice. Toutefois, l’affaire de Sopam SA a vu, en février, sa procédure s’accélérer. Ainsi, Sopam a remporté la bataille judiciaire et une décision finale a condamné Bolloré à payer plus de 22 millions d’euros à la société locale. Depuis, la décision ne pouvait être appliquée en raison d’une injonction en France par le juge parisien.
Après cinq affaires en justice dans différents pays africains, dans lesquels Bolloré est installé, Sopam a eu droit à l’application de la justice à domicile. La cour de Ouagadougou a ordonné une saisie de tous les biens du groupe Bolloré le 14 juin. Alors que l’huissier exécutait la décision, les responsables de Bolloré au Burkina Faso n’ont pas commenté l’évènement, qui vient donc se rajouter aux dizaines de scandales qui ternissent la réputation de la multinationale, surtout en Afrique.