Le Sommet virtuel de l’Union africaine, qui se termine ce soir, réunit le Centre africain pour le contrôle et la prévention des maladies, l’OMS et des chefs d’Etats afin de trouver une solution à la pénurie de vaccins contre la Covid-19 en Afrique.
L’Union africaine (UA), qui avait commandé 400 millions de doses à Johnson & Johnson, sait pertinemment qu’il faudra attendre de longs mois avant l’arrivée des fameux vaccins. Le sommet virtuel de l’UA, prévu initialement pour trouver le moyen d’importer le reste des doses nécessaires pour l’immunité collective, tournera en priorité autour de la question de la fabrication des vaccins en Afrique.
Seuls 0,1 % des vaccins utilisés en Afrique sont fabriqués sur le continent. La situation est « catastrophique », a annoncé le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CACM) vendredi dernier.
« La situation de l’accès aux vaccins sur le continent africain est devenue pratiquement intenable », estime de son côté le responsable des programmes de vaccination de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Richard Mihigo.
Lors du dernier mois, le nombre de contaminés en Afrique a augmenté de 9 %. 4,3 millions d’Africains sont touchés par la Covid-19. Or, l’Afrique n’a reçu que 0,5 % de la totalité de vaccins distribués dans le monde, ce qui couvre à peine 1,7 % de la population du continent alors que le seuil nécessaire pour atteindre l’immunité collective est estimé à… 60 %. 13 millions de doses ont été administrées sur le continent africain, soit un peu plus de 2 % des doses administrées mondialement et avec seulement 100 000 personnes qui ont reçu la seconde dose. Et même au sein de l’Afrique, les inégalités sont visibles : 90% des doses vaccinales sont allées à dix pays seulement.
Pourquoi pas une fabrication en Afrique ?
Ce « nationalisme vaccinal » n’est pas exclusif à l’Afrique. L’Europe et l’Amérique pratiquent également la course aux doses. D’ailleurs, il faut souligner que les pays africains se sont faits plus de dons mutuels, parfois symboliques, de vaccins que la plupart des pays sud-américains ou européens.
Mais l’OMS tire la sonnette d’alarme à cause d’un certain ralentissement des campagnes africaines de vaccination. Plusieurs raisons expliquent cela : la réticence envers le vaccin AstraZeneca, le plus distribué à travers l’initiative Covax, tout d’abord. On en est même, dans certains pays africains, à vacciner sans distinction d’âge ou de nationalité pour écouler les doses restantes. Ensuite, l’acheminement des vaccins, trop long, et le peu de disponibilité de personnels qualifiés aggravent cette situation.
En présumant que les pays inscrits dans la dernière initiative de l’UA, qui sont globalement les mêmes que ceux couverts par l’initiative Covax, puissent payer leur cotisation pour l’achat des vaccins Johnson & Johnson, au total, la couverture vaccinale pourrait varier entre 27 % et 46 % de la population africaine, s’il n’y a pas de gâchis, de soucis de transport ou de nouvelles souches du coronavirus découvertes.
Ce sont là des pronostics très optimistes. Alors, la fabrication des vaccins en Afrique se pose irrémédiablement. Un avis partagé par l’OMS et la totalité des spécialistes. Cette même OMS n’a cependant pas contesté le vote de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), qui avait pratiquement privé les pays africains de la possibilité d’investir dans la fabrication de vaccins anti-Covid-19. Une décision confortée par le lobbying des géants pharmaceutiques et des puissances occidentales.