A un peu plus de dix jours de l’élection du président de la CAF, les jeux sont faits. En coulisse, le président de la FIFA, Gianni Infantino, a réussi à écarter tous les candidats au profit du Sud-Africain Motsepe, son cheval de Troie au sein de la CAF.
Si la Confédération africaine de football (CAF) était sous la tutelle de la FIFA ces dernières années, ce sera plus que jamais le cas après le 12 mars prochain. Le scrutin pour désigner le nouveau président de l’institution ne sera qu’un simulacre d’élection. Alors que cinq candidats postulaient pour la présidence de la Confédération, Gianni Infantino, le patron de la FIFA, est arrivé à ses fins, ce dimanche 28 février au terme d’un lobbying qui montre à quel point il tire les ficelles du football africain.
Petits arrangements entre amis
Après une réunion organisée à Rabat, des officiels marocains se seraient rendus en fin de semaine à Dakar pour faire signer aux autorités sénégalaises un accord et ainsi convaincre le candidat le plus réfractaire à l’idée de retirer sa candidature. Finalement, contre la première vice-présidence de la CAF, le candidat du pays, Augustin Senghor, a accepté de ne pas participer à la course à la présidence et de soutenir son désormais ex-rival, le Sud-Africain Patrice Motsepe. Soutenu par Gianni Infantino, le beau-frère du président Cyril Ramaphosa ne souffre plus d’aucune concurrence…
Gianni Infantino a en effet déblayé le terrain, désormais vierge, pour son poulain. Avec Ahmed Yahya, le patron de la FIFA n’a pas eu de souci à se faire. Le Mauritanien est en effet depuis bien longtemps dans les petits papiers d’Infantino. Le voyage du président de la Fédération internationale de football en Mauritanie, à l’occasion de la Coupe d’Afrique des Nations U20, début février, n’a été qu’une formalité. A la clé, Yahya a obtenu un poste de second vice-président de la CAF contre son soutien à Motsepe. Le poste de troisième vice-président devrait être adjugé au Djiboutien Souleymane Waberi.
Freiné par Ouattara, Infantino menace la Côte d’Ivoire
Restait, pour Infantino, à convaincre Jacques Anouma. Le candidat ivoirien semblait en effet refuser de se retirer de la course à la présidence de la CAF. Selon le très informé Francis Gaitho, le patron de la FIFA souhaitait faire signer à Jacques Anouma un document stipulant qu’il se retirait lui aussi au profit de Motsepe. Face à son refus et au refus d’Alassane Ouattara de le recevoir, Infantino aurait alors menacé de retirer l’organisation de la CAN 2023 à la Côte d’Ivoire.
Finalement, après de nombreuses discussions et la menace d’une élection dont le leitmotiv serait « tout sauf Anouma », Infantino a réussi à convaincre l’Ivoirien de laisser la place à Motsepe. Selon nos informations, Jacques Anouma devrait obtenir le poste de conseiller spécial du futur président de la Confédération africaine de football. Un retournement de situation étonnant lorsque l’on sait les moyens qui ont été déployés par la Côte d’Ivoire pendant la campagne. Plusieurs ministres ont en effet effectué de nombreux voyages pour inciter les différentes fédérations à voter pour Anouma.
Le colonialisme de la FIFA a de beaux jours devant lui
Ces accords montrent à quel point la FIFA exerce une emprise très forte sur la CAF. Et pour que cette emprise soit totale, Infantino avait besoin d’un de ses soldats à la tête de l’institution. Ahmad Ahmad out, Motsepe est l’homme de la situation : homme d’affaires et président du club du Mamelodi Sundows FC, le Sud-Africain ne pourra se consacrer à 100 % à la CAF. Idéal pour Infantino, qui pourra poursuivre son opération d’influence au sein de la Confédération africaine de football. Et le manque d’expérience de Motsepe est un atout favorable pour le patron de la FIFA.
Une FIFA qui, après ces accords passés avec les uns et les autres, pourra continuer à contrôler la CAF. Nul doute qu’Infantino tentera de mettre en œuvre de façon unilatérale ses propositions, comme un changement de périodicité de la CAN ou le maintien de Fatma Samoura à son poste de secrétaire général de la CAF, sans que le football africain en sorte gagnant. Une mise sous tutelle qui entre dans une politique générale de la FIFA, qui tente de contrôler les différentes confédérations mondiales. En Afrique, c’est à coup de promesses de subventions aux différentes fédérations qu’Infantino garde la mainmise sur le football africain.
Cette politique de mise sous tutelle doit d’ailleurs avant tout servir les intérêts de… Gianni Infantino. En 2023, la FIFA votera elle aussi pour son président. Nul doute que l’Italo-Suisse sera candidat à sa propre succession. Or, chacun des 211 membres de la FIFA disposant d’une voix au congrès élisant le président, Infantino a tout intérêt à se mettre les 54 voix africaines dans la poche tant le président actuel de la FIFA, qui a connu quelques déboires avec la justice dans l’affaire du FIFAGate, risque de manquer de soutiens en Europe.