Une semaine après la prestation de serment du nouveau président du Burkina Faso, Paul-Henri Sandaogo Damiba, la Commission technique chargée de la transition a déjà proposé sa feuille de route.
Alors que le Mali est toujours à couteaux tirés avec la France et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), notamment depuis que Bamako a proposé une transition pouvant s’étendre jusqu’à cinq ans, et que la Guinée refuse de se faire imposer tout délai, le Burkina Faso, lui, voit la feuille de route de la transition s’articuler discrètement.
Discrètement, mais également rapidement. Car le rapport de la commission a été présenté à Paul-Henri Sandaogo Damiba moins d’un mois après le coup d’Etat contre le président Roch Marc Christian Kaboré. Le chef du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR) — la junte militaire –, avait, pour rappel, établi une charte de transition six jours après sa prise du pouvoir. Le lendemain, le MPSR a également rétabli la Constitution.
Le rapport de la Commission technique de la transition a donc été remis à Damiba par la cheffe du groupe, Mariam Ouattara, le 23 février dernier. Le rapport n’a pas encore été publié. Mais quelques détails ont filtré de la part des quinze membres de la Commission.
Parmi les propositions, outre la durée de transition, évaluée à 30 mois, un gouvernement de transition comportant 20 ministres, ainsi qu’un parlement de 51 membres.
La junte du Burkina Faso joue la prudence
Le pouvoir militaire au Burkina Faso espère-t-il une réconciliation avec la communauté internationale ? Les pays ouest-africains, dans lesquels les dirigeants ont été renversés, ne sont pas traités de la même manière par la Cedeao et les pays étrangers.
Pour le moment, le Mali a subi les sanctions les plus lourdes. En Guinée, même si l’attitude de Mamady Doumbouya est plus agressive que celle des autorités maliennes, les sanctions n’ont pas dépassé une simple suspension de la Cedeao et de l’Union africaine.
Pourtant, si les coups d’Etat au Mali et en Guinée donnaient suite à un mouvement social d’un côté, et l’installation d’un régime autocratique de l’autre, le MPSR avait renversé Kaboré qui, malgré son manque d’efficacité, n’était pas un autocrate et restait soutenu par la communauté internationale.
Autant de facteurs qui rendent encore plus mystérieux le rapport récent, relativement cordial, entre la Cedeao et le Burkina Faso. L’instance ouest-africaine n’est pas connue pour considérer le soutien populaire des putschistes, surtout lorsque l’on sait que le peuple burkinabè a appelé à la fin de la Cedeao.
Quoi qu’il en soit, Paul-Henri Sandaogo Damiba, président depuis le 16 février dernier, et son MPSR, au contrôle du pays depuis un mois, jouent la carte de la prudence. Et délivrent quelques bribes d’informations en attendant d’effectuer leurs propositions en bonne et due forme.