La Commission électorale nationale indépendante de la république du Congo vient de déclarer Denis Sassou N’Guesso vainqueur de la présidentielle au premier tour. Une victoire qui sonne surtout comme un camouflet pour l’opposition.
Ils ont parlé très fort, mais ont finalement été peu entendus. Notamment soutenus par la diaspora congolaise, les Mathias Dzon, Albert Oniangué et feu Guy-Brice Parfait Kolélas n’ont pas pesé bien lourd lors du scrutin présidentiel de dimanche dernier. A l’exception du fils de l’ancien Premier ministre Bernard Kolélas, qui a cumulé un peu moins de 8 % des suffrages, les autres opposants ne se sont partagés que des miettes.
Grand vainqueur de la présidentielle, Denis Sassou N’Guesso remporte une bataille électorale qui paraissait bien déséquilibrée, avec 88,57 % des voix. Un score qui, s’il montre que le président congolais est incontournable, prouve surtout la faiblesse de l’opposition qui n’a pas su attirer les électeurs. Incapable de s’unir pour désigner un candidat unique, l’opposition congolaise a totalement raté sa campagne électorale. Tant sur la forme que sur le fond. Il faut dire que la crise sanitaire n’a pas aidé les candidats.
Entre un Dave Mafoula perdu, un Mathias Dzon remuant et un Guy-Brice Parfait Kolélas malade, la campagne a pris des allures de combat déloyal. Aucun des candidats n’a proposé de projet de société viable, et Denis Sassou N’Guesso n’a eu qu’à partir à la rencontre de ses citoyens pour s’apercevoir qu’il ne risquait pas la déroute annoncée par ses concurrents.
Dimanche dernier, le scrutin s’est d’ailleurs déroulé de façon « pacifique », ont indiqué les différents observateurs parmi lesquels les Etats-Unis. A l’exception de quelques rassemblements, suite à l’appel de Guy-Brice Parfait Kolélas effectué de son lit d’hôpital, l’élection et la période post-électorale se sont déroulées dans le calme le plus absolu.
L’opposition sort ses grands classiques
Reste désormais à savoir comment seront accueillis les résultats par l’opposition, même si l’on se doute que les candidats déçus hausseront le ton. Mathias Dzon avait prévenu, le mois dernier, que si le vote militaire n’était pas annulé, il n’en reconnaitrait pas les résultats. Avant même le scrutin, l’ancien ministre des Finances avait tenté de prévenir qu’il contesterait le vote. Avec moins de 2 % des suffrages, son mécontentement ne devrait pas trouver beaucoup d’écho au sein de la population.
Du côté de l’UDH-YUKI de Guy-Brice Parfait Kolélas, Christian Cyr Rodrigue Mayanda, son porte-parole, a déjà prévenu que son parti ne reconnaîtrait pas les résultats du vote.
Désunis pendant la campagne, les opposants devraient cependant trouver un terrain d’entente pour tenter de faire annuler le scrutin en s’appuyant sur l’article 70 de la Constitution congolaise, qui stipule que « si avant le premier tour, l’un des candidats décède ou est définitivement empêché, la Cour constitutionnelle prononce le report de l’élection ». Guy-Brice Parfait Kolélas est mort au lendemain sur premier tour, son décès n’entre donc pas dans le cadre de cet article.
« Tout cela a l’odeur de la défaite. On essaie de chercher des explications qui n’ont aucun rapport avec la réalité. Il peut y avoir des imperfections, parce qu’une élection n’est jamais parfaite, mais toutes les imperfections ne sont pas de nature à remettre en cause ni la sincérité ni l’authenticité du vote », a rétorqué Thierry Moungalla, porte-parole du gouvernement, qui déplore que l’opposition ait ressorti les « classiques » pour justifier sa défaite.