Le régulateur des télécoms d’Afrique du Sud a protesté contre le projet de WhatsApp de partager les données des utilisateurs avec Facebook. Il demande que la messagerie s’adapte aux lois nationales sur la confidentialité.
« WhatsApp ne peut pas traiter les informations de contact de ses utilisateurs sans obtenir l’autorisation explicite des autorités du pays », a déclaré l’autorité de régulation des télécoms sud-africaine dans un communiqué. Le régulateur sud-africain de l’information (IR) a déclaré mercredi que la nouvelle politique de confidentialité de la messagerie violait la loi sur la protection des informations personnelles du pays. L’IR est une autorité administrative indépendante soumise uniquement à la Constitution et au aux lois du pays.
En janvier, WhatsApp a demandé à tous ses utilisateurs d’accepter les nouvelles conditions d’utilisation lui permettant de partager des informations privées avec la société mère Facebook à des fins publicitaires et de commerce électronique. La proposition a suscité l’indignation mondiale, obligeant l’entreprise à retarder ses plans de cinq mois ce changement et à clarifier ses conditions de confidentialité et de sécurité.
Deux poids, deux mesures
La polémique WhatsApp s’est aggravée lorsque le groupe a annoncé que les utilisateurs de l’Union européenne ne seraient pas obligés d’accepter de partager des informations personnelles avec Facebook.
Les utilisateurs africains, quant à eux, ont été informés qu’ils seraient partiellement coupés de l’application de messagerie s’ils n’acceptaient pas ses conditions révisées d’ici le 15 mai 2021.
Le porte-parole de l’IR a ajouté qu’il était « très préoccupé par le fait que les utilisateurs de l’UE obtiennent une protection de la vie privée plus élevée que leurs homologues en Afrique ». « Notre législation est très similaire à celle des pays de l’Union européenne », a fait remarquer Faith Pansy Tlakula, présidente de l’IR, ajoutant ne pas comprendre « pourquoi Facebook a adopté cette différenciation entre l’Europe et l’Afrique. »
L’IR a déclaré qu’il avait invité Facebook à « une table ronde, où seront abordées les questions soulevées » pour assurer la conformité des nouvelles conditions avec la loi sud-africaine.
Selon les nouvelles conditions, les commerçants utilisant WhatsApp pour discuter avec les clients pourront partager des données avec Facebook, permettant à la plateforme de réseautage social de mieux cibler ses publicités.
WhatsApp a défendu la politique de Facebook, affirmant qu’elle construisait simplement de nouvelles façons pour les professionnels d’engager des clients ou de discuter avec des entreprises.
L’Afrique du Sud contre Facebook
L’Alliance Démocratique (DA), groupe parlementaire en Afrique du Sud, avait exigé deux semaines plus tôt que les représentants de Facebook dans le pays soient questionnés sur l’ingérence de la société dans la politique sud-africaine.
La DA a fait valoir que Facebook doit accorder les mêmes droits aux citoyens sud-africains, et aux Africains en général, qu’au reste du monde.
« Facebook Afrique doit fournir un plan sur l’équité des mesures qu’il prend pour lutter contre la désinformation. », a déclaré le porte-parole du DA.
Le Comité des communications et des technologies numériques du Parlement sud-africain a envoyé une sommation officielle aux bureaux Facebook à Johannesburg. Depuis, pas de nouvelles, comme si le géant de la tech narguait l’Afrique du Sud, qui reste tout de même le pays le plus industrialisé et informatisé du continent.