Alors que la CENI tchadienne a annoncé la réélection d’Idriss Déby à la tête du Tchad, l’armée vient d’indiquer que le président était décédé.
Après trente ans de pouvoir, et alors que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) venait d’annoncer sa réélection avec un score de près de 80 %, le président du Tchad est mort, selon l’armée. Les différentes sources affirment qu’Idriss Déby commandait son armée dans des combats contre des rebelles dans le nord le week-end dernier. Dans la soirée du 11 avril, les troupes du FACT, un groupe armé présent en Libye, avait traversé la frontière et débuté des combats contre les unités militaires du Zouarké et de Zouar.
Alors que des dizaines de soldats ont péri, le président tchadien menait, selon les informations de l’armée, ses troupes sur le terrain. Le porte-parole de l’armée a annoncé, ce mardi, à l’antenne de la télévision d’Etat que « le président de la république, chef de l’Etat, chef suprême des armées, Idriss Déby Itno, vient de connaître son dernier souffle en défendant l’intégrité territoriale sur le champ de bataille ».
Blessé au front, Idriss Déby est donc officiellement mort, après plusieurs mois de contestation de la part d’opposants à propos de son sixième mandat. Le maréchal avait refusé toute négociation avec les partis politiques de l’opposition. « C’est avec une profonde amertume que nous annonçons au peuple tchadien le décès ce mardi 20 avril 2021 du maréchal du Tchad », a poursuivi le porte-parole de l’armée, le général Azem Bermandoa Agouna.
La France, elle, perd un allié indéfectible au Sahel. Le président du Tchad avait accepté d’envoyer des hommes au combat. Une opération suicide, selon les observateurs, mais surtout une façon pour Idriss Déby de devenir un personnage incontournable pour la France, qui n’avait pas cru bon de s’exprimer sur son sixième mandat. Autrefois paria, pour Paris, Déby s’était racheté une légitimité à coup de soldats envoyés au front.
Déby avait, au moment de la mort du Libyen Kadhafi, estimé que cela allait déstabiliser toute la région. Au Figaro, un ex-diplomate expliquait que Déby « en jouait parfaitement. Il a pu ainsi mettre un arrêt à toutes les critiques internationales sur son régime et même obtenir des prêts des grandes institutions internationales qui auraient été autrement refusés ou soumis à des conditions très strictes ».
Mais les divisions intérieures, elles, étaient bien présentes dans le pays. Depuis plusieurs mois, des manifestations troublaient le Tchad, alors que se profilait la présidentielle. Une coalition d’opposition avait lancé un ultimatum à Déby : ne pas se présenter à sa propre succession et reporter le scrutin présidentiel en échange d’une immunité à vie. Déby avait refusé… Il en est mort.