Samedi, le roi du Maroc a indiqué vouloir des relations apaisées avec l’Algérie. Mais comment le souverain compte-t-il agir après ce discours prometteur ?
« Nous aspirons à œuvrer avec la présidence algérienne pour que le Maroc et l’Algérie puissent travailler, main dans la main, à l’établissement de relations normales entre deux peuples frères ». Lors de son discours, le jour de l’anniversaire de son accession au trône, samedi soir, le roi du Maroc Mohammed VI a redit, un an après s’être une première fois adressé à Alger, qu’il fallait renouer avec le pays voisin.
Après une première partie de discours très sociale, consacrée à son pays, le monarque a tenu à souligner « une fois de plus que les frontières qui séparent le peuple marocain et le peuple algérien frères ne seront jamais des barrières empêchant leur interaction et leur entente. Notre souhait est que ces frontières se muent en passerelles permettant au Maroc et à l’Algérie d’accéder à un avenir meilleur et d’offrir un bel exemple de concorde aux autres peuples maghrébins ».
« Trouver une issue à la situation actuelle »
Mohammed VI s’est engagé à « trouver une issue à la situation actuelle et à favoriser le rapprochement et la compréhension entre les deux peuples », avant de dénoncer des « individus irresponsables qui s’évertuent à semer la zizanie entre les deux peuples frères ».
« Une fois de plus » dans les mots. Mais qu’en est-il dans les actes ? Du côté d’Alger, dont les relations avec Rabat sont extrêmement tendues depuis le mois d’août 2021, on a écouté le discours du souverain marocain avec attention.
La presse algérienne, à l’instar de TSA, retient des propos « mielleux » et rappelle qu’un discours de la même teneur, tenu en 2021, n’avait « pas empêché la poursuite des ‘actes hostiles’ du Maroc qui ont mené à la rupture des relations entre les deux pays » en fin d’année dernière.
Interrogé par le journal algérien, l’ancien ministre Abdelaziz Rahabi estime que la déclaration de Mohammed VI « ne peut représenter un événement diplomatique ni ouvrir des perspectives ». « La tradition et les usages internationaux recommandent que la bonne volonté ou une offre de dialogue soient précédés de mesures conséquences, qualitatives et à la hauteur de l’objectif déclaré », poursuit-il.
Un discours adressé au peuple algérien plutôt qu’aux dirigeants
Car dans les faits, les derniers mois ont été l’occasion d’échanges tendus entre l’Algérie et le Maroc. En juin, après que des migrants africains avaient trouvé la mort sur le sol marocain alors qu’ils tentaient d’atteindre Melilla, la presse marocaine avait dénoncé « le laxisme coupable d’Alger qui a pratiquement laissé passer ces migrants ».
Pour l’ex-ambassadeur d’Algérie en Espagne, Abdelaziz Rahabi, le discours du roi du Maroc serait une façon de donner, à Rabat, le beau rôle : « Une fois encore, il rend l’Algérie responsable de l’échec de la construction maghrébine, du mauvais état des relations bilatérales et cherche à accréditer le sentiment d’un Maroc victime mais disposé au dialogue ».
La forme du discours est donc louable. Mais le fond, lui, n’a que peu été évoqué. Car finalement, les raisons réelles des désaccords entre Alger et Rabat n’ont pas été évoquées par Mohammed VI. Or, indique un observateur avisé de l’actualité algérienne, « si le Maroc veut faire un pas vers l’Algérie, il devra revoir sa position sur le Sahara occidental et sur la normalisation de ses relations avec Israël ». On en est, pour le moment, assez loin… D’autant que le discours de Mohammed VI était adressé au peuple algérien plus qu’à ses dirigeants.