Après les droits de la femme célibataire et l’égalité dans l’héritage, la congélation des ovocytes fait débat en Tunisie. L’artiste controversée Nermine Sfar a lancé le débat sur les réseaux sociaux.
Le débat est âpre, ces derniers jours, sur Facebook. Un débat déclenché après l’annonce de la star tunisienne Nermine Sfar qui, sur les réseaux sociaux, a assuré avoir « décidé de congeler (ses) ovocytes ».
En Tunisie, la législation autorise les femmes mariées ou célibataires « soumises à un traitement ou qui se préparent à subir un acte pouvant affecter leur capacité à procréer » à congeler leurs ovocytes. Pour des raisons essentiellement médicales, donc, comme dans le cas d’une chimiothérapie. Mais le débat sur une ouverture plus généralisée de cette pratique, après l’annonce de Nermine Sfar, est lancé.
Si les congélations d’ovocytes existent depuis longtemps en Tunisie, la demande a augmenté au cours des cinq dernières années. Depuis 2014, près d’un millier de patientes ont congelé leurs ovocytes, dont plus de 80 % étaient célibataires selon le docteur Fethi Zhiwa, chef de l’unité de fécondation in vitro à l’hôpital Aziza-Othmana de Tunis, cité par l’AFP.
Une opération qui consiste à prélever les ovocytes, à les congeler et à les stocker dans de l’azote liquide, pour une grossesse décalée dans le temps.
Entre législation et objectivité
En Tunisie, il est possible de stocker les ovocytes pendant cinq ans. Mais la loi autorise les patientes à renouveler cette période.
Alors que la société tunisienne évolue, des membres de la société civile ont souligné son importance dans une nation supposée pionnière dans le monde arabe en matière de droits des femmes. En Algérie, aucune loi n’encadre cette pratique, jusqu’ici autorisée uniquement aux femmes mariées. Tandis qu’en Libye, les femmes célibataires n’ont aucun droit dans ce domaine. Au Maroc, comme en Tunisie, les célibataires peuvent congeler leurs ovocytes pour des raisons médicales exclusivement.
Les activistes de la société civile Tunisienne critiquent l’absence d’une mobilisation pour pousser le législateur à réviser cette loi promulguée il y a 21 ans. Il existe, dans le pays, une demande pressante des jeunes femmes célibataires pour la congélation des ovocytes. L’âge moyen de mariage chez les femmes tunisiennes est de 33 ans. « Il y a un décalage entre l’âge biologique, qui commande l’âge de la reproduction, et l’âge sociétal, qui commande l’évolution des carrières », résume le docteur Fethi Zhiwa.