L’ambassadeur chinois en Erythrée a annoncé le début de l’exploitation minière commune de cuivre, or, zinc et argent. Un projet de longue date, qui devrait rapporter 11,8 milliards de dollars.
Le baron Edmond James de Rothschild disait : « Quand le sang coule dans la rue, il faut investir dans la pierre ». Et alors que les yeux du monde sont détournés du conflit larvé dans le Tigré, la Chine franchit le pas, après des années de négociations avec le président de l’Erythrée Isaias Afwerki. Depuis 2013 déjà, la compagnie minière nationale érythréenne ENAMCO cherchait des investisseurs pour quatre vastes champs miniers.
Finalement il n’a fallu que sept mois pour que la Chine convainque Asmara de créer une joint-venture (60-40 %) qui rafle la totalité des sites miniers. Cuivre, zinc, or et argent, exploités par la nouvelle société sino-érythréenne Asmara Mining Share Company (AMSC), qui devraient rapporter 692 millions de dollars de revenus nets à l’Erythrée chaque année pendant au moins 17 ans.
Les quatre sites concernés par l’extraction des minerais contiendraient au moins 380 000 tonnes de cuivre, 850 000 tonnes de zinc, 12 tonnes d’or et 312 tonnes d’argent selon le spécialiste en Erythrée Matteo Palamidesse. Selon lui, l’AMSC « commence son activité dans de très bonnes conditions ». Après l’extraction, les minerais seront purifiés et broyés en Erythrée, puis transportés par la mer aux fonderies chinoises.
La Chine botte les « maîtres du monde » d’Erythrée
Palamidesse explique aussi que la région exploitée par la compagnie minière est l’une des plus importantes géologiquement dans le monde. Elle contient notamment le plus grand gisement de potassium dans le monde, exploité par une entreprise australienne. Le nouveau projet avec la Chine, lui, devrait donner à Pékin le contrôle de la mine de cuivre à ciel ouvert avec la meilleure qualité au monde, équivalente à plus de 2% du cuivre mondial.
Aussi, l’investissement chinois dans le « Projet Asmara » élimine la concurrence de deux des plus grands fonds d’investissement dans le monde qui étaient intéressés. A savoir les Américains BlackRock et Vanguard – le même fonds d’investissements qui contrôle la totalité des entreprises pharmaceutiques dans le monde, ainsi qu’Apple, WhatsApp, Youtube, Facebook et Amazon.
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Le projet avec la Chine revêt une grande importance économique pour le président de l’Erythrée Isaias Afwerki. Depuis le début de la guerre du Tigré, Afwerki est de plus en plus isolé, et sous le coup d’un embargo onusien sur les armes, et de sanctions économiques de l’Union européenne (UE). Malgré tout cela, et les accusations de crimes de guerre en Ethiopie, Afwerki avait toutes ses chances de se réconcilier avec l’Occident. Le président érythréen est, toutefois, un maoïste de très longue date.
Afwerki prépare sa succession
Cependant, coup sur coup, l’Erythrée a été le premier pays africain à soutenir la Russie devant les Nations unies. Moscou est le seul à fournir des armes à l’Erythrée depuis plus de deux ans. Puis, Afwerki a refusé de rencontrer l’envoyée de l’UE pour la Corne de l’Afrique, Annette Weber. Selon Africa Intelligence, cette dernière serait d’ailleurs en passe d’être remplacée par le diplomate et lobbyiste italien Gianluca Grippa. D’un autre côté, l’Erythrée a accepté la médiation de l’envoyé spécial de la Chine, Xue Bing, dans le cessez-le-feu au Tigré.
De quoi aligner l’Erythrée totalement contre l’Occident. Isaias Afwerki compte maintenant sur la Chine et la Russie sur le plan diplomatique, dans les secteurs de l’énergie et l’infrastructure, maintenant dans le secteur minier. Au pouvoir depuis 29 ans, Afwerki serait également malade.
Ouvrir l’Erythrée aux entreprises chinoises garantira, donc, une hausse de plus de 30 % du PIB, seulement avec le Projet Asmara. Mais alors qu’Afwerki se retire petit à petit du Tigré, tout en préparant sa succession en Erythrée, il semble préoccupé par l’héritage de ses trois décennies au pouvoir.