Au Sénégal, le chef de l’opposition Ousmane Sonko a lancé une série de manifestations après l’invalidation des listes électorales de sa coalition pour les législatives de juillet. A la suite de confrontations avec les forces de l’ordre vendredi et samedi, trois jeunes sont morts et onze ont été blessés.
Il a fallu attendre samedi pour que soient confirmés les trois décès en Casamance et à Dakar, à la suite des manifestations de vendredi au Sénégal. Après avoir interdit ces manifestations, initiées par la coalition Yewwi Askan Wi du chef de l’opposition Ousmane Sonko, les forces de l’ordre ont lourdement réprimé les militants sortis dans les rues de plusieurs villes sénégalaises.
La raison des manifestations ? Officiellement, Ousmane Sonko voulait dénoncer l’invalidation, par le Conseil constitutionnel, de plusieurs listes de sa coalition en vue des législatives du 31 juillet prochain. Officieusement — bien qu’il l’avoue publiquement —, Ousmane Sonko veut « continuer la lutte contre un troisième mandat de Macky Sall ».
– Un jeune manifestant tué à Ziguinchor par balle réelle;
– Un autre jeune tué à Bignona par balle réelle alors qu’il se trouvait au siège de son parti avec des camarades.
Macky Sall et son général sont des assassins. Ils viennent d’ajouter 3 victimes aux 13 de l’année dernière.— Ousmane Sonko (@SonkoOfficiel) June 18, 2022
Le même cheval de bataille pour le farouche opposant, donc, depuis plusieurs mois. Les derniers heurts meurtriers au Sénégal remontent à mars 2021. Cette fois, L’opposition déplore que deux des trois morts ont été tués par des balles réelles dans le sud du pays, à Ziguinchor et à Bignona. Toujours selon Sonko, l’un des jeunes tués n’était même pas un manifestant, mais se trouvait au siège du parti de Sonko, le mouvement Pastef.
Du côté du gouvernement, qui avait interdit les manifestations de vendredi, c’est le silence absolu. Les internautes, eux, sont plutôt partagés quant à la responsabilité de la mort des jeunes. Certains blâment, en effet, Yewwi Askan Wi d’avoir procédé avec les manifestations malgré l’interdiction. Mais dans l’absolu, les Sénégalais sont choqués par la répression des autorités.
Grosses mobilisations
Le gros des confrontations entre manifestants et forces de l’ordre a eu lieu à Dakar et en Casamance. Dans la capitale, la mobilisation a été énorme. Le lendemain, la gendarmerie sénégalaise a anticipé de nouvelles sorties en bloquant chez eux Ousmane Sonko et son allié, le maire de Dakar, Barthélémy Dias. Trois autres figures principales de l’opposition ont été arrêtées : Ahmet Aidara, Déthié Fall et Mame Fame. Depuis son domicile, Ousmane Sonko a donc averti le chef de l’Etat Macky Sall de venir « chercher ces otages politiques coûte que coûte ».
Toutefois, la journée de dimanche a été sans incidents, malgré les tensions. Reste que, du côté des populations, l’heure est surtout au recueillement après les violences policières meurtrières. Des violences qui arrivent très tôt, au demeurant. Si les élections municipales ont montré une chose, c’est que tout peu dégénérer au quart de tour dans le pays de la Téranga.
En janvier, l’APR de Macky Sall a perdu dans plusieurs grandes villes, à l’instar de Dakar, Thiès et Ziguinchor. Et même si la coalition du pouvoir reste relativement populaire hors de la capitale, l’opposition rassemblée autour de Sonko est très active depuis l’année dernière. Qu’il s’agisse d’inflation, d’alternance politique, de politique sociale, Ousmane Sonko s’est saisi de chaque opportunité pour dénoncer la gouvernance de Macky Sall.
Le président sénégalais, lui, est plutôt concentré sur la diplomatie depuis le début de sa présidence de l’Union africaine (UA) en février dernier. Macky Sall n’a toujours pas tranché sur sa possible candidature à la prochaine présidentielle en 2024. Clairement, la possibilité qu’il se présente pour un troisième mandat est plutôt mal perçue par l’opposition et une majorité des populations.