Après avoir tenté de prolonger son séjour aux Emirats arabes unis, Alpha Condé a dû rentrer en Guinée, sous la pression des dirigeants militaires du pays.
L’ancien président guinéen Alpha Condé a-t-il raté sa tentative d’exil ? Alors qu’il était aux Emirats arabes unis pour des raisons de santé, l’ex-chef de l’Etat a tout fait pour rester sur place et ne plus rentrer à Conakry. Finalement, il a atterri vendredi dernier. Alpha Condé est-il condamné à rester en Guinée ?
Visé par un coup d’Etat le 5 septembre dernier, Alpha Condé a rapidement débuté un bras de fer avec la junte militaire : le président a en effet formellement refusé de signer sa démission, alors que la Cedeao avait exigé sa libération. Et lorsqu’il a dû se faire soigner de la hanche, Alpha Condé s’est vu refuser sa demande d’être hospitalisé en Côte d’Ivoire. Les autorités militaires guinéennes et les dirigeants émiratis ont finalement trouvé un accord pour accueillir Alpha Condé, mi-janvier.
Alpha Condé avait, alors, un mois pour se faire soigner. Un délai qui avait été prolongé. Et alors que les militaires guinéens s’étaient assurés du retour de Condé et que ce dernier avait réussi à se faire oublier, un enregistrement de l’ancien président guinéen, qui appelait ses partisans à se mettre en ordre de bataille, a fuité. Laissant croire à une tentative de lancer un contre-coup d’Etat des Emirats arabes unis.
Il n’aurai finalement fallu que quelques jours pour qu’Alpha Condé rentre dans le rang. Malgré des tentatives, de la part de l’entourage d’Alpha Condé, de prolonger le séjour de l’ex-chef de l’Etat pour des complications médicales, Condé a fini par rentrer au pays.
L’enregistrement qui a tout déclenché
Mais ce n’est pas pour autant qu’Alpha Condé n’a pas tenté de rester, sur place, en exil. Pour être certains que l’ancien président revienne au bercail, les militaires ont mis la pression sur lui. Ce qui est notamment passé par une convocation du ministère émirati des Affaires étrangères, qui lui a expressément demandé de quitter les lieux.
Alpha Condé a alors essayé de s’envoler pour une autre destination, indique Jeune Afrique, qui assure que la République du Congo lui a une nouvelle fois proposé de l’accueillir. Ce que les EAU ont refusé. Car un accord entre Mamadi Doumbouya et les Emirats a semble-t-il été passé. Et les Emirats arabes unis avaient, pour mission, de renvoyer Alpha Condé en Guinée, et nulle part ailleurs.
Fin mars, le ministre guinéen des Affaires étrangères, Morissanda Kouyaté, avait demandé aux Emirats d’accélérer le rapatriement d’Alpha Condé, ce dernier représentant selon lui « une réelle menace pour la paix et la stabilité en Guinée ». Les militaires guinéens estiment par ailleurs qu’Alpha Condé a « violé les termes de la lettre d’engagement signée par la Cedeao, ainsi que l’esprit de l’action humanitaire que le président de la transition a volontairement prise en sa faveur ».
Alpha Condé va certainement désormais devoir s’expliquer sur l’enregistrement qui a largement été diffusé. S’il est surveillé de façon continue, le président ne peut pas espérer, dans les prochaines semaines, un allègement de ses conditions de détention.