Les législatives ont donné au président gambien Adama Barrow une majorité relative, mais pas absolue. S’il veut rester serein pendant son mandat, il lui faudra rallier au moins six députés à sa cause.
Samedi dernier, les électeurs gambiens se sont rendus dans les bureaux de vote, quatre mois seulement après avoir élu le président sortant, Adama Barrow, à la magistrature suprême. Dès son investiture, le chef de l’Etat avait alors annoncé vouloir proposer une nouvelle Constitution, qui inclurait une limite de mandats et la possibilité d’un deuxième tour lors des scrutins présidentiels en cas de non-obtention de la majorité absolue lors des premiers tours.
Mais avant de pouvoir retoucher la Constitution, Adama Barrow devait bénéficier d’une majorité forte au parlement. En 2020, les élus avaient rejeté le changement constitutionnel. Or, après les législatives du week-end dernier, force est de constater que le président gambien devra prendre le temps de reconstruire son camp. Car si le Parti national du Peuple (NPP), créé en 2020 après que Barrow a mis du plomb dans l’aile à la coalition qui lui avait permis d’être élu, a obtenu une majorité à l’Assemblée, celle-ci reste toute relative.
Vers quels députés se tourner ?
En effet, le NPP d’Adama Barrow a obtenu 19 sièges sur les 53 qui étaient en jeu. Il en obtiendra en réalité 24, le président gambien ayant la possibilité de nommer cinq députés, dont le président de l’Assemblée. Le Parti démocratique unifié (UDP) de l’ancien ami et allié d’Adama Barrow, Ousainou Darboe, a lui obtenu 15 sièges. Autrefois majoritaire, l’UDP devient donc minoritaire. Mais ce n’est pas pour autant que les jeux sont faits. Car le jeu des coalitions va permettre de dessiner la future assemblée.
Avec qui pourrait s’allier le NPP ? Malgré leur alliance d’antan, pas sûr que Barrow et Darboe puissent trouver un compromis. Le président de la République et ses lieutenants devront sans aucun doute se tourner vers d’autres forces politiques : l’Alliance patriotique pour la réorientation et la construction (APRC) de l’ex-dictateur Yahya Jammeh, avec qui une entente avait été initialement trouvée lors de la présidentielle, est une option. Mais avec seulement six députés à convaincre de les rejoindre, les membres du NPP peuvent également se tourner vers les Indépendants, qui ont obtenu 11 sièges.
Outre la future Constitution, Adama Barrow devra s’appuyer sur son Parlement pour avancer sur le dossier de la réconciliation nationale — le président doit prendre des décisions après la remise d’un rapport sur les agissements du régime Yahya Jammeh —, mais aussi sur le dossier de la lutte contre la corruption.