Candidat officiel à la présidence de la Fecafoot, Samuel Eto’o voit son principal concurrent, Seidou Mbombo Njoya, lui barrer la route. Les chances d’être élu sont très minces pour l’ex-Lion indomptable.
Deux mois après avoir annoncé qu’il se portait candidat à la présidence de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), Samuel Eto’o a officialisé sa candidature mercredi dernier. Ancien capitaine des Lions indomptables, la sélection du Cameroun, l’ex-footballeur bénéficie d’une certaine aura dans le milieu du ballon rond. Mais entre les pelouses des stades et les bureaux de la Fecafoot, il y a un fossé. Qu’Eto’o espère franchir. Mais a-t-il seulement des chances d’obtenir un soutien politique ?
Le moins que l’on puisse dire, c’est cependant qu’Eto’o est aussi déterminé que sur les terrains. D’ores et déjà, l’ancien Barcelonais affirme vouloir « lancer le chantier de la reconstruction de notre football ». L’ex-footballeur a affirmé aux futurs votants son « amour du Cameroun ».
Une bataille entre ex-alliés
L’élection du nouveau président de la Fecafoot est prévue pour décembre prochain, soit quelques jours seulement avant la Coupe d’Afrique des nations (CAN), qui aura lieu au Cameroun entre le 9 janvier et le 7 février 2022.
La campagne débute d’ailleurs sur les chapeaux de roue. Samuel Eto’o a d’ailleurs trouvé sa cible favorite : le président actuel de la Fecafoot, Seidou Mbombo Njoya. Eto’o est « déçu » du mandat de ce dernier. Parmi les faits reprochés au président par intérim de la Fecafoot, les championnats nationaux. A cause d’un conflit avec le président de la Ligue, Pierre Semengue, les compétitions camerounaises sont au point mort : la justice n’a pas encore tranché quant à l’homologation du résultat final du dernier championnat. Côté finances, Seidou Mbombo Njoya est aussi dans l’œil du cyclone : le président a, rien qu’en cinq ans, dépensé 930 millions de francs CFA (près de 1,5 millions d’euros) sur les différents procès impliquant la Fecafoot.
Et si Seidou Mbombo Njoya est contesté — son élection a été annulée en janvier dernier par le Tribunal arbitral du sport (TAS) après avoir été élu en décembre 2018 — au niveau national, il bénéficie d’appuis au niveau international. Notamment de la part de la FIFA, qui l’a gardé, de façon temporaire, à la tête de la Fecafoot. Il est par ailleurs membre du comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF), et entretient de bonnes relations avec le président actuel, Patrice Motsepe.
La FIFA et la CAF ne soutiennent pas Eto’o
Quant à la présidence camerounaise, elle a également fait son choix. Si Samuel Eto’o a soutenu Paul Biya et que le président du Cameroun aime le joueur, il semble avoir pris le parti de Seidou Mbombo Njoya. Biya avait d’ailleurs déjà freiné les ardeurs d’Eto’o, lorsque ce dernier voulait briguer la présidence de la CAF. De son côté, le président actuel de la Fecafoot a obtenu le soutien du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) et de l’opposition en 2018.
Reste que Samuel Eto’o ne compte pas se laisser faire, bien qu’il semble aujourd’hui être en position de faiblesse. Après avoir soutenu son futur rival, Eto’o affirme avoir rallié « le camp d’en face », qu’il menace ouvertement. « Je serai le prochain président de la fédération malgré toutes les tricheries », prévient-il.
Sauf que les dés semblent pipés. Et que les ex-footballeurs ont parfois du mal à prendre les rênes des instances nationales. Même si Eto’o peut se targuer d’avoir le soutien de ses ex-coéquipiers. Ce fut le cas de Joseph Antoine Bell en 2018, terrassé par Seidou Mbombo Njoya. Comme Didier Drogba en Côte d’Ivoire, malgré sa popularité, Eto’o voit la route vers la présidence de la Fecafoot totalement barrée. Il a même été question, au milieu de l’année, de lui interdire de se présenter en prévoyant une loi électorale refusant les candidatures de binationaux ou de personnes n’ayant pas vécu ces dernières années sur le territoire camerounais.
Après avoir tout fait pour écarter l’ex-secrétaire général de l’instance, Didier Banlock, en déposant une plainte contre lui, Seidou Mbombo Njoya compte bien remporter la partie face à Samuel Eto’o. Le fils du sultan Ibrahim Mbombo Njoya, souverain du peuple bamoun dans l’ouest du Cameroun, mettra tout en œuvre pour finir en tête de l’élection. A un mois et demi de la CAN, l’ambiance au sein des instances camerounaises du football est tendue. Et en décembre, le scrutin risque lui aussi de se dérouler sous haute tension…