La course endiablée vers le contrôle des cryptomonnaies africaines, actuellement dominée par les sociétés chinoises, observera l’entrée en lice de Facebook dès le début de 2022. Le monopole de la monnaie fiduciaire a des enjeux géopolitiques et pourrait employer des méthodes agressives.
Une grande partie de l’Afrique est sous-bancarisée lorsqu’il s’agit de MNBC. La Chine, qui a beaucoup investi sur le continent à travers son initiative Belt and Road, domine les TIC africains. Les marques Itel, Huawei, Transsion et Infinix représentent plus de 70% du marché de la téléphonie mobile africain. A la suite des derniers rééchelonnements des dettes chinoises de 13 pays africains, les sociétés chinoises détiennent l’exclusivité sur l’infrastructure de la 5G. Certains pays africains, comme le Kenya, ont déjà lancé la connectivité 5G sur leurs territoires nationaux.
Actuellement, les marchés TIC sont naturellement conditionnés par les softwares. En l’occurrence des portefeuilles numériques de cryptomonnaie. Le dernier téléphone de Huawei a un portefeuille numérique e-yuan intégré. Si d’autres fabricants emboîtent le pas, la Chine sera bien placée pour exporter sa monnaie numérique. L’Afrique est une vaste région où l’utilisation du yuan menace déjà la domination du dollar américain.
L’Afrique, le futur de l’économie virtuelle
Sans surprise, la Réserve fédérale américaine envisage le lancement du e-dollar. Toutefois, les Etats-Unis ne semblent pas pressés de rejoindre la course. Pour raison : Facebook pourrait s’avérer plus efficace dans le conflit de cryptomonnaies, qui comporte une querelle inévitable avec la Chine.
En premier lieu, Facebook est connu comme la plateforme de médias sociaux plus populaire au monde et en Afrique. Avec une base d’utilisateurs actifs de 2,8 milliards, Facebook a eu des hauts et des bas depuis son existence. En perte de vitesse, Facebook lancera sa cryptomonnaie Libra en janvier 2022.
Le lancement de Libra, prévu depuis 2019, n’est une surprise pour personne. Mais la nouvelle concerne particulièrement les Africains. Avec Big Money Rush, les traders de cryptomonnaie africains font partie des plus actifs. La monnaie fiduciaire est largement utilisée pour les achats en ligne.
Vraisemblablement, Facebook n’aurait pas besoin de plébisciter sa monnaie. Sa plateforme sociale est largement suffisante pour obliger les Africains, le cas échéant, à adopter le Libra. 135 millions d’utilisateurs feraient donc instantanément partie de l’armée de Facebook, dans une guerre où Zuckerberg décidera de l’essor de la nouvelle finance mondiale.
It’s a CEX war, not much to do with blockchains. And you know it.
— Colors Of Crypto (@ColorsOfCrypto) April 25, 2021
Un loup déguisé en berger
Il convient de relever l’argument plus que probable que Facebook présentera lors de l’introduction de Libra. Le paiement sans frais d’envoi, couplé avec les partenariats de Facebook avec les enseignes commerciales, assurerait immédiatement la domination d’une cryptomonnaie détenue par Facebook.
Néanmoins, les risques éventuels sont immenses. Facebook, qui utiliserait un ledger distribué, similaire au DLT de Bitcoin, possèderait à la fois les flux effectifs des échanges et les identités des utilisateurs du ledger. Concrètement, c’est comme si le gouvernement d’un pays possédait l’accès aux comptes offshore de ses ressortissants.
Enfin, la crédibilité d’une cryptomonnaie lancée par Facebook n’est pas le seul élément en jeu. La société transnationale est cotée en bourse aux Etats-Unis, ce qui soumettrait Libra aux fluctuations de la bourse américaine. Cela permettrait aux Etats-Unis de faire chanter les Etats du monde entier, car la stabilité de la bourse américaine déterminerait la solvabilité de leurs citoyens. Il ne s’agirait plus pour l’Afrique, donc, de maintenir sa souveraineté digitale ou monétaire. Facebook aurait en main le levier de la sécurité sociale des pays africains.