Alors que des partisans de Raila Odinga manifestent régulièrement, les forces de police réprimeraient durement la contestation. Le ministre kényan de l’Intérieur promet la fin de « l’impunité ».
« Cette culture de l’impunité va prendre fin ». Les mots du ministre kényan de l’Intérieur, Kithure Kindiki, sont durs et promettent un nouveau serrage de vis. La faute à une série de manifestations qui ont dégénéré. D’un côté, on déplore que les forces de police aient mis le feu aux poudres. De l’autre — celui de l’État, donc —, on dénonce « la violence généralisée » et « les pillages ».
Dans une partie de Nairobi, des affrontements ont en tout cas eu lieu, particulièrement du côté de Mlolongo, à une vingtaine de kilomètres au sud-est de la capitale kényane. Les barricades ont été dressées, tandis que le feu a été mis aux pneus. Des affrontements ont eu lieu avec les forces de l’ordre.
À l’origine de ces affrontements, des manifestations. Depuis la dernière présidentielle et l’élection de William Ruto, des partisans de Raila Odinga, l’opposant et candidat malheureux du scrutin, descendent régulièrement dans la rue. Les autorités kényanes ont interdit le rassemblement, tandis que l’opposant annonçait son annulation. Mais rien n’y a fait, les manifestants ont tenu à descendre dans les rues.
Alors que la police a tiré des gaz lacrymogènes, dans le but de disperser les manifestants, c’est désormais une bataille de communication qui s’est engagée. D’un côté, Raila Odinga mise sur le ras-le-bol de ses partisans, déplorant la mauvaise qualité de vie des Kényans. Il fustige également les forces de l’ordre, les accusant d’avoir ouvert le feu et d’avoir tué des manifestants.
Le bilan grimpe : la semaine dernière, déjà, une demi-douzaine de manifestants avaient trouvé la mort. Et pour Odinga, pas question de calmer les choses : « Des manifestants ont été arrêtés pour avoir participé à un exercice pourtant garanti par notre constitution. Je l’ai toujours dit, ces rassemblements sont pacifiques jusqu’à ce que la police décide de les disperser à coups de balles et de gaz lacrymogènes », indique l’opposant.
Qui d’Odinga ou du gouvernement a raison ? Plusieurs ONG ont déjà dénoncé les actes de répression policière. La police tente de disperser les rassemblements lorsqu’ils sont interdits. Le ministère de l’Intérieur confirme que « des vies ont été perdues » et qu’on dénombre de nombreux blessés, mais précise que cela concerne « des dizaines d’agents de la force publique et des civils ».
Enfin, le gouvernement estime que cela engendrera « des pertes inimaginables pour l’économie du pays ». Le mandat de William Ruto commence en tout cas de façon chaotique.