Depuis plusieurs année, Coca-Cola et Castel revoient leurs partenariats. Les deux géants de la boisson se livrent une terrible bataille dans le secteur des sodas.
Alors que, d’un côté, la firme d’Atlanta retarde l’entrée en bourse, en Afrique du Sud, de sa filiale continentale Coca-Cola Beverages Africa (CCBA), d’un autre côté, Coca-Cola s’active sur le reste du continent et semble changer son fusil d’épaule. Selon Africa Intelligence, la firme de boissons gazeuses « continue de détricoter ses partenariats africains ». Dernière opération en date : la fin de l’attribution de la licence Coca-Cola à l’embouteilleur ivoirien Solibra. La Société de limonaderies et de brasseries d’Afrique, qui appartient à Castel et qui embouteillait les produits de Coca-Cola à Yopougon, a en effet été informée de la fin de son partenariat avec le géant américain.
Ce retrait de licence, prévu pour juillet prochain, correspond à un repositionnement de Coca-Cola sur le continent. Depuis son installation en Afrique, le géant d’Atlanta multipliait les acquisitions et les partenariats. Et parmi les partenaires historiques de la firme américaine, le groupe Castel était dans une position confortable. Mais ces derniers temps, il y a de l’eau dans le gaz entre les deux industriels. Résultat : outre la fin du partenariat Castel-Coca en Côte d’Ivoire, le groupe français a annoncé qu’il ne serait plus l’embouteilleur de Coca-Cola au Cameroun, au Sénégal, au Burkina Faso ou encore en Angola.
Comment Castel veut concurrencer Coca-Cola
La fin d’un quart de siècle de collaboration entre les deux groupes. Plusieurs récemment, c’est à Madagascar que Castel et Coca-Cola ont mis fin à leur partenariat. Mais ce n’est pas pour autant que l’Américain compte se désengager du continent : en 2019, il avait annoncé vouloir investir en masse en Afrique. En Côte d’Ivoire, Coca-Cola a simplement changé son fusil d’épaule : ce sera le groupe Carré d’Or, détenu par la famille libano-ivoirienne Ezzedine, qui embouteillera, dès cet été, les boissons de Coca-Cola.
Et si Castel et Coca-Cola reste étroitement liés — Equatorial Coca-Cola Bottling Co (ECCBC) est désormais dans le capital de deux filiales algériennes du brasseur français —, ces ruptures de contrats sont dues à des désaccords entre les deux géants. Castel reproche à Coca-Cola de lui imposer des conditions peu rentables, alors que la firme américaine reproche à Castel de vouloir jouer sa propre partition avec ses boissons, à l’instar de Youki en Côte d’Ivoire, mais également de World Cola un peu partout en Afrique ou de Top au Cameroun.
De son côté, Coca-Cola compte donc sur l’expansion d’ECCBC en Afrique subsaharienne pour se développer. Face à l’Américain, Castel peut compter sur ses usines déjà en place : le groupe français est déjà présente dans une vingtaine de pays et dispose de 170 lignes d’embouteillage. Selon Africa Intelligence, c’est une véritable guerre d’influence qui débute : « Castel devrait en effet pousser pour que ses distributeurs habituels limitent leur coopération avec Carré d’Or et distribuent plutôt YouZou et World Cola », indique le journal.