Alors qu’un don médical algérien devait arriver dans le village de Sakiet Sidi Youssef, en Tunisie, le ministère tunisien de la Santé l’a détourné pour se l’approprier.
Le 8 février 1958, dans le village tunisien de Sakiet Sidi Youssef, l’armée française bombarde plusieurs positions. Plus de 70 personnes, dont une douzaine d’élèves d’une école primaire, sont tuées lors de cette opération.
En pleine guerre d’Algérie, la Tunisie est devenue une base arrière pour les combattants. Le 8 février, alors qu’un avion de l’armée française est touché par une mitrailleuse installée à Sakiet Sidi Youssef, un raid aérien est lancé sur le village.
Chaque année, Sakiet Sidi Youssef est le théâtre de commémoration tuniso-algériennes. Le 6 février dernier, Alger a voulu remercier le village tunisien en promettant l’envoi d’un convoi chargé de 11 tonnes de médicaments et de fournitures médicales pour mieux lutter contre la Covid-19 en Tunisie.
Des aides médicales qui pourraient bien ne jamais arriver jusqu’à Sakiet Sidi Youssef. Non pas que les Algériens n’ont pas tenu leur promesse, bien au contraire. Mais ces aides ont été détournées.
« Une trahison au peuple algérien et un abus de confiance »
Le bureau régional du syndicat de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) du Kef, non loin de Sakiet Sidi, déplorent la « confiscation » des dons algériens. L’UGTT ne comprend pas comment ces dons, offert « en guise de reconnaissance aux habitants de la région pour leur solidarité avec le peuple algérien » et de ce qu’ils ont « enduré lors du bombardement criminel mené par l’armée française, le 8 février 1958 » ont pu ne jamais arriver à destination.
A l’origine du changement de destination des dons algériens, le ministère tunisien de la Santé, qui a envoyé des camions pour acheminer les aides médicales vers d’autres destinations. Les autorités locales, indique l’UGTT, doivent « assumer leurs responsabilités » et attribuer « le don aux destinataires dans toutes les délégations du Kef, notamment celle de Sakiet Sidi Youssef ».
Pour le syndicat, il s’agit là d’« une trahison au peuple algérien et un abus de confiance à condamner ». De quoi provoquer des troubles dans la région : l’UGTT a indiqué que les habitants de Sakiet Sidi Youssef devaient « défendre leur droit à bénéficier du don, notamment pendant cette grave situation sanitaire et la propagation rapide de l’épidémie de coronavirus ». D’ores et déjà, les habitants de la commune ont bloqué le passage de la frontière entre l’Algérie et la Tunisie.