Le projet de loi sur la « congolité » est loin d’être voté, mais il fait débat. Ce texte est accusé d’être un prétexte pour bloquer la candidature de Moïse Katumbi lors de la prochaine présidentielle.
En République démocratique du Congo, la loi Tshiani, sur la « congolité », est-elle destinée à mettre un frein aux ambitions présidentielles de Moïse Katumbi ? Ce vendredi matin, sur RFI, Timothée Mbuya, président de l’ONG congolaise Justicia à Lubumbashi, estime que le fameux texte polémique « vise à écarter Moïse Katumbi des joutes électorales ». De père grec, Katumbi est en tout cas inquiet. Il sait que le débat actuel pourrait lui nuire. Il y a deux ans, au moment où la question de la « congolité » ressurgissait, il a donc pris les devants.
La contestation n’est d’ailleurs pas venue de lui directement mais des chefs traditionnels de sa région, le Haut-Katanga. Les chefs coutumiers et les mamans de Kashobwe, le village de Katumbi, ont rappelé que leur candidat était un « enfant du pays » et appelé à ce que Moïse Katumbi puisse se présenter, comme il le désire, à l’élection présidentielle.
Un projet plus global de révision constitutionnelle ?
Mais pour Noël Tshiani, le promoteur de la loi sur la « congolité », la question ne doit pas se poser en ces termes. Le dirigeant politique assume en effet sa proposition de loi, assurant qu’« il n’y a pas de loi sur la congolité en RDC ». Mais Tshiani veut simplement s’assurer du « verrouillage de l’accès à la présidence et aux fonctions de souveraineté en RDC » aux personnes nées d’une mère ou d’un père étrangers.
Mais la proposition de Tshiani ressemble à s’y méprendre à une loi taillée sur mesure contre Moïse Katumbi. Si certains observateurs estiment que l’enfant du Haut-Katanga n’a aucune chance de devenir président de la République, il semble faire peur aux pouvoirs successifs. En 2018, alors que Joseph Kabila était encore président de la République, Moïse Katumbi n’avait pu déclarer sa candidature, accusé d’avoir fait appel à des « mercenaires étrangers » et condamné à l’exil.
L’ex-gouverneur du Katanga pensait avoir rendez-vous avec ses ambitions, lors de la prochaine présidentielle. Mais la loi Tshiani est-elle vraiment écrite rien que pour lui ? Alors que le débat se concentre sur l’avenir de Katumbi, le député de Kinshasa, Mike Mukebay, estime que le texte n’est qu’« un piège » pour pouvoir « pour procéder à une révision constitutionnelle aux contours flous ».