Alors que la Covid-19 gagne du terrain en Afrique, les célébrations de l’Aïd risquent de faire exploser le nombre de cas de contamination.
Qu’on l’appelle célébration de l’Aïd, dans les pays du Maghreb, ou de Tabaski en Afrique subsaharienne, qu’elle se déroule ce mardi ou ce mercredi, la fête de l’Aïd al-Adhâ sera scrutée par les dirigeants. Car plus que jamais, la pandémie de Covid-19 devient incontrôlable dans certains pays africains. Parmi eux, la Tunisie est sans aucun doute le pays le plus à risque, puisqu’il s’agit du pays qui enregistre le plus haut taux de mortalité en Afrique.
Le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, a pris la parole lors d’une conférence de presse pendant laquelle il n’a donné aucune consigne pour l’Aïd. Le chef de l’exécutif a simplement déploré les attaques contre son gouvernement. En Tunisie, les hôpitaux sont saturés, manquent d’oxygène et les habitants sortent dans la rue comme si la Covid-19 n’existait pas. La campagne de vaccination, elle, patine : seules 13 % des personnes ont reçu une première dose de vaccin.
Situation critique en Tunisie, en Libye et au Maroc
De quoi laisser craindre le pire. Alors que les cas de contamination repartent à la hausse dans plusieurs pays du Maghreb et du Moyen-Orient, l’Organisation mondiale de la santé s’inquiète. Le non-respect des mesures barrières n’aide pas l’OMS à entrevoir le bout du tunnel. Dans un communiqué, l’organisation sanitaire mondiale s’inquiète pour la Tunisie, mais également pour la Libye et pour le Maroc, où l’état d’urgence a été prolongé jusqu’à 10 août prochain. En Libye, pays qui a fermé ses frontières avec la Tunisie, le taux de vaccination atteint difficilement les 6 %.
Pour Ahmed Al-Mandhari, directeur régional de l’OMS, « la situation est critique dans notre région ». Et ce n’est pas l’Aïd qui va arranger la situation : la fête musulmane est une célébration familiale, lors de laquelle tout le monde se réunit pour partager le mouton. L’OMS a appelé à un encadrement strict des réunions de famille, qui a lieu ce mardi à Tunis et ce mercredi à Rabat. L’organisation a beau appeler au port du masque et à la distanciation physique, cela risque bien de ne pas suffire à éviter les clusters.
Au Sénégal, les cas de contamination explosent
Le Maghreb n’est d’ailleurs pas la seule zone à risque. En Afrique subsaharienne, où la fête s’appelle Tabaski, la Covid-19 fait également des ravages. C’est le cas au Sénégal, qui a enregistré son record de contaminations ces derniers jours. La capitale Dakar est la plus touchée. Les restrictions ont été levées depuis bien longtemps, et les habitants de Dakar ont déjà, pour la plupart, quitté la capitale pour rejoindre leur famille malgré la suspension des voyages inter-cités par bus.
Ces départs risquent de provoquer un regain de contaminations. Le syndicat national des médecins a demandé au gouvernement d’« interdire tous les rassemblements religieux, culturels et politiques ». Mais à Dakar, comme ailleurs, difficile de gâcher les festivités. Macky Sall et son ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, n’ont pour le moment rien annoncé. Mais face à la situation critique, puisque les hôpitaux sont au bord de l’implosion, des mesures sanitaires pourraient être prises après la fête de Tabaski.