La revue de l’armée algérienne a publié, dans son numéro de juillet, un édito cinglant contre son voisin marocain, que la presse marocaine n’a cessé de commenter.
La presse marocaine y voit une « hystérie des généraux algériens contre le Maroc ». Il faut dire que le nouveau numéro d’El Djeich, la « revue mensuelle de l’armée nationale populaire » d’Algérie, n’est pas tendre avec son voisin. Dans un article d’opinion, l’armée algérienne accuse clairement le Maroc de plusieurs méfaits, actuels ou historiques. S’il est cinglant, l’éditorial évite cependant soigneusement de citer le Maroc. Le texte indique que le « climat de sécurité et de stabilité ainsi que l’adhésion du peuple au projet d’édification de la nouvelle Algérie n’est pas du goût de certains agitateurs et revanchards, qui se sont alors attaqués à toutes les réalisations qui ont été faites à ce jour ». Evitant de citer les Marocains, le magazine parle de « prêtres de chapelle au service d’agendas étrangers qui s’activent contre l’Algérie et son peuple » ou encore d’un « Etat voisin qui voue une haine ancestrale et un ressentiment non dissimulés » envers l’Algérie.
« Trahisons » de Jughurta et de l’Emir Abdelkader
Certes, El Djeich pourrait être une simple revue. Mais elle se fait, depuis toujours, le porte-voix de l’armée algérienne. Outre les maux actuels, le titre de presse accuse le Maroc de « trahisons » tout au long de l’Histoire. « Qui a trahi le héros numide Jughurta en 104 av. J.-C. et l’a remis à Rome où il sera tué ? N’était-ce pas Bocchus, roi de la Maurétanie césarienne, le Maroc d’aujourd’hui ?», peut-on lire dans le texte qui va même jusqu’à demander « qui s’est retourné contre l’Emir Abdelkader en décembre 1847 et s’est allié à l’ennemi français pour l’encercler ». Cette fois, El Djeich accuse nommément le sultan marocain Moulay Abdel Rahmane. Tout comme quand il interroge : « Qui a trahi les cinq dirigeants de la Révolution et les a donnés à la France en octobre 1956, alors que leur avion se dirigeait du Maroc vers la Tunisie ? N’était-ce pas l’héritier du trône marocain ? »
El Djeich va plus loin en affirmant que l’armée algérienne « aurait pu, par deux fois, intervenir au Maroc ou, au moins pour soutenir les militaires qui ont failli balayer la couronne marocaine et renverser le roi lors des tentatives de coups d’Etat de Skhirat, en 1971, et celui du général Oufkir, une année plus tard ». Le sommaire de l’édition estivale de la revue est particulièrement offensif. Du côté du 360, un journal marocain, on estime que « tout ce qui peut contrarier le Maroc est applaudi par les généraux ». En tout, le royaume est cité 34 fois dans la revue, sur les 68 pages que compte le magazine. D’autres journalistes y voient une « fixation sur le Maroc ».
Le Sahara occidental attise les tensions
Chez Yabiladi, une autre revue en ligne marocaine, on estime qu’El Djeich poursuit ce qu’avait commencé le général Saïd Chengriha le 21 juin dernier lors d’un voyage à Moscou. « Devant des militaires russes, le chef des armées à qualifié le royaume de ‘colonisateur’ du Sahara occidental, ‘la dernière colonie en Afrique’ », écrit le site. Outre l’éditorial particulièrement marqué contre le Maroc et la retranscription du discours russe de Chengriha, El Djeich fait également l’éloge de « l’Espagne, partenaire efficace de l’Algérie dans le processus de résolution de la question sahraouie ». Le royaume ibérique, en froid avec le Maroc dans l’affaire Brahim Ghali, n’avait pas suivi la décision de Donald Trump de consacrer la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.