L’OMS déplore le fait que de nombreux pays africains n’aient pas atteint leurs objectifs en termes de vaccination. L’organisation craint une seconde vague, équivalente au scénario indien.
Selon le bureau régional de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), basé à Brazzaville, le fait que l’Inde ait freiné ses livraisons de vaccins après avoir décidé de donner la priorité à son marché national pourrait avoir de graves conséquences en Afrique. « Du fait du report de livraison des doses de vaccins contre la Covid-19 fabriquées par le Serum institute of India à l’attention de l’Afrique, ainsi que de la lenteur du déploiement des vaccins et de l’apparition de nouveaux variants, le risque d’une nouvelle vague d’infections resté élevé en Afrique », indique l’OMS dans un communiqué.
Ces derniers jours, des cas de variant indien de la Covid-19 ont été signalés en Afrique du Sud. Auparavant, trois autres pays du continent avaient enregistré des cas de ce variant indien : le Kenya, l’Ouganda et le Maroc.
Autant dire que le retard dans les campagnes de vaccination pourrait avoir des effets désastreux. Et les chiffres affolent jusqu’à l’OMS : « Désormais, le continent africain ne représente plus que 1 % des doses de vaccin administrées dans le monde, contre 2 % il y a quelques semaines », déplore l’organisation internationale, qui ajoute que seule « la moitié des 37 millions de doses de vaccin contre la Covid-19 reçues en Afrique ont été administrées jusqu’à présent ».
Outre le retard dans les livraisons, l’Afrique est donc confrontée à un autre problème : la défiance de la population vis-à-vis des vaccins. Certes, assure l’OMS, « certains pays africains ont été exemplaires en matière de déploiement de vaccins ». L’initiative Covax, un temps retardée, a été bénéfique : « Les premières livraisons à 41 pays africains par le canal du Covax ont eu lieu depuis début mars », indique l’OMS qui est attristée par le fait que « neuf pays ont administré moins d’un quart des doses reçues et quinze pays ont administré moins de la moitié de leurs doses ».
Pas d’accord sur la levée des brevets
L’Organisation mondiale de la santé craint que le scénario indien ne se reproduise en Afrique. « La tragédie en Inde ne doit pas se produire ici en Afrique, et nous devons tous rester en état d’alerte maximale », insiste la directrice régionale pour l’Afrique de l’OMS, Matshidiso Moeti, qui en appelle « à l’équité en matière de vaccins ».
La levée des brevets sur les vaccins a été à l’ordre du jour du Sommet des 27 au Portugal, le week-end dernier. Le président français a estimé que « la clé pour produire plus vite des vaccins pour tous les pays pauvres ou à revenus intermédiaires, c’est de produire plus ». Il en « appelle très clairement les États-Unis d’Amérique à mettre fin aux interdictions à l’export non seulement de vaccins, mais de composants de ces vaccins qui empêchent la production ».
Il n’est donc, pour l’heure, pas question de lever les brevets sur le vaccin anti-Covid-19. En attendant, « l’Afrique doit aussi se retrousser les manches et tirer le meilleur parti de ce que nous avons. Nous devons utiliser toutes les doses dont nous disposons pour vacciner des gens », a expliqué la directrice régionale pour l’Afrique de l’OMS.