IFC, la branche secteur privé de la Banque mondiale, a débloqué 600 millions d’euros en faveur d’Aspen. Le groupe sud-africain veut être un acteur majeur dans la production de vaccins en Afrique.
Dynamiser la capacité propre de production du continent en vaccins. Tel est l’objectif de l’Union africaine et de l’Africa Centres for Disease Control and Prevention (CDC Afrique). Et l’International Finance Corporation (IFC), la filiale du groupe de la Banque mondiale dédiée au secteur privé, s’est associée à Proparco, l’institution française de développement, DEG, l’institution allemande de financement du développement, et la Société de financement du développement international (DFC) des Etats-Unis pour financer Aspen Pharmacare Holdings Limited. Ce groupe pharmaceutique sud-africain « joue un rôle majeur dans la production de traitements et de vaccins contre la Covid-19 sur le continent africain », indique IFC dans un communiqué publié ce mercredi.
« L’Union africaine et le CDC Afrique ont annoncé en avril 2021 une ambition pour l’Afrique de fabriquer 60 % de ses besoins de vaccination de routine sur le continent d’ici 2040 », indique le texte. Or, « actuellement, l’Afrique ne fabrique qu’environ 1 % des vaccins qu’elle utilise ». Autant dire que le chemin à parcourir est long et sinueux.
Accroître le partage des connaissances en Afrique
Alors, l’enveloppe de financement de 600 millions d’euros mobilisée par IFC — dont 200 millions débloqués en fonds propres par IFC, le reste par les autres institutions — n’est pas anodine. Il s’agit d’ailleurs « de l’investissement et de la mobilisation les plus importants dans le domaine de la santé qu’IFC a mené à ce jour au niveau mondial ».
Aspen, grâce à cette aide colossale, va pouvoir « refinancer sa dette existante » et « renforcer son bilan, en soutenant ses opérations, notamment la production de vaccins et d’autres thérapies sur les marchés africains et émergents ». Les quatre institutions financières de développement comptent également sur le laboratoire sud-africain pour « aider à faciliter l’accroissement du savoir-faire en matière de fabrication de vaccins et le partage des connaissances en Afrique ».
La crise sanitaire de la Covid-19 a montré une facette sombre du business pharmaceutique : des pays développés se sont accaparé la quasi-totalité de la production de vaccins contre la Covid-19, là où les pays les plus pauvres n’ont plus eu qu’à se partager les miettes. Problématique pour l’Afrique, qui a par exemple dû attendre que l’Inde règle son problème de pandémie entre ses frontières avant de pouvoir poursuivre ses campagnes de vaccination.
Et la question de la propriété intellectuelle des vaccins n’a pas bougé d’un iota, la faute notamment aux laboratoires de Big Pharma qui n’ont pas souhaité renoncer aux droits de propriété intellectuelle sur le vaccin anti-Covid, malgré l’avis favorable de l’OMC et de certains pays développés.
L’Afrique a été vulnérable aux perturbations et aux retards
Et Aspen semble être en pole position pour participer à la vaccination contre la Covid-19. Pour étendre son rôle dans la lutte contre la pandémie en Afrique, le labo sud-africain « s’est associé à Johnson & Johnson pour préparer, finaliser, remplir et emballer le vaccin contre la Covid-19 de Janssen (une société Johnson & Johnson) dans son usine stérile en Afrique du Sud », indique IFC. Aspen a déjà « pu offrir à Johnson & Johnson une capacité de remplissage, de finition et d’emballage pour son vaccin contre la Covid-19, les premiers lots ayant déjà été produits ».
Le directeur général du groupe sud-africain, Stephen Saad, indique qu’« Aspen cherche à jouer un rôle significatif en contribuant à l’objectif de répondre à la majorité des besoins de l’Afrique à partir de sites de production situés sur le continent ». Pour éviter qu’à l’avenir, la situation soit préjudiciable à l’Afrique ? « La pandémie de Covid-19 a de nouveau mis en évidence la dépendance de l’Afrique à l’égard des chaînes d’approvisionnement mondiales en matière de vaccins, laissant le continent vulnérable aux perturbations et aux retards », résume Makhtar Diop, directeur général d’IFC.
Reste que la production à grande échelle de vaccins anti-Covid sur le continent n’est pas encore pour demain. Mais IFC espère « que ce partenariat sauvera des vies et contribuera à préparer le continent africain face à de futures crises sanitaires ».