Le 19 juillet, le mandat d’arrêt international contre l’ex-épouse de Laurent Gbagbo, Simone Ehivet, a été levé. Le début d’une nouvelle histoire politique pour la « Dame de fer » ?
Et si Simone Gbagbo prenait l’ascendant sur son ex-mari ? Revenu apaisé en Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo a enchaîné les rencontres symboliques. Il a effleuré la politique sans jamais mettre les deux pieds dans le plat. Il faut dire que l’ancien président de Côte d’Ivoire est toujours sous le coup d’une peine de vingt ans de prison pour le « braquage de la BCEAO ». Son ex-femme, dont il a divorcé à son retour, est désormais, elle, totalement libre de toute poursuite judiciaire. Graciée en 2018 par le pouvoir en place, Simone Ehivet Gbagbo a également vu, le 19 juillet, la CPI lever le mandat d’arrêt international visant l’ex-Première dame.
Dans une décision de la Chambre 3 de la Cour, transmise le 29 juillet, la « Dame de fer » a été totalement blanchie, plusieurs années après qu’on lui ait imputé une implication dans les violences post-électorales, aux côtés de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. Pour l’avocat de l’ancienne Premier dame, Ange Rodrigue Dadjé, il s’agit d’une « bonne nouvelle pour Mme Simone Gbagbo, qui pourra désormais librement voyager à travers le monde entier ». Simone Gbagbo n’avait en réalité jamais été livrée à la CPI. Mais elle avait été condamnée, en 2015, à Abidjan, à 20 ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’Etat ». Elle avait été libérée en 2018 à la suite d’une amnistie décrétée par le président Alassane Ouattara. Le mandat d’arrêt international à son encontre, émis en 2012, comprenait quatre chefs d’inculpation : meurtres, viols, actes inhumains et persécutions.
La « Dame de fer », plus politique que jamais
Depuis le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire le 17 juin dernier, l’un de ses premiers actes symboliques a été de demander le divorce de Simone. Le couple a longtemps été séparé, et l’ancien président a admis, à demi-mots, que c’est la politique qui a creusé un fossé entre lui et Simone Ehivet.
Politique, Simone Ehivet l’est assurément ! L’ex-Première dame est très populaire au sein d’une frange du parti politique de Laurent Gbagbo, le Front populaire ivoirien (FPI). Avant l’arrestation du couple présidentiel en 2011, elle préparait même son futur dans la politique. Très impliquée dans les affaires du parti, Simone Ehivet Gbagbo agissait souvent en tandem avec Laurent Gbagbo. Lorsque ce dernier s’est retrouvé bloqué en Europe par la CPI, Simone aurait, un temps, envisagé de présenter sa candidature à la présidentielle de 2020 avant de demander « une loi d’amnistie » à l’égard de Laurent Gbagbo, pour rendre « éligible » ce dernier.
La vice-présidente du FPI, pendant que son mari se murait dans le silence, a choisi de dénoncer la candidature à un troisième mandat d’Alassane Ouattara. Bien qu’elle divise au sein du parti, Simone Gbagbo a été éminemment politique avant et après 2011. La « Dame de fer » est connue pour avoir réussi à rallier la communauté évangéliste au FPI. Un exploit quand on sait que les évangélistes ivoiriens, à l’image des américains, sont les seuls en Afrique à s’engager aux côtés d’un parti de gauche.
Depuis le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, l’ancien président semble avancer à son allure. S’il réclame les libérations de ses anciens compagnons, il n’a pas voulu envoyer de message clair quant à son avenir politique. Si la réconciliation nationale se fait attendre, Simone Ehivet Gbagbo l’encourage. Désormais libérée de l’ombre de son ex-mari, la « Dame de fer » envisagerait-elle de reprendre activement la politique ? Pour ce faire, il lui faudra convaincre, notamment l’ancien ministre Charles Blé Goudé. Maintenant que Simone Ehivet Gbagbo est libre de voyager, la « Dame de fer » peut désormais faire fructifier sa popularité nationale à l’international. Mais elle reste dépendante de la volonté de son ex-mari de reprendre, dans les années à venir, la politique ou non. Nul doute que si Laurent Gbagbo raccroche les gants pour se poser en simple observateur, Simone Ehivet n’hésitera pas à prendre le relai.
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