Seul patron du FPI depuis le départ de Laurent Gbagbo, Pascal Affi N’Guessan envisage une alliance avec le RHDP d’Alassane Ouattara pour les élections générales de 2023.
Cela ressemble au mariage de la carpe et du lapin. On imagine en effet mal le Front populaire ivoirien (FPI) et le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) avancer main dans la main, surtout après les troubles qu’a connus la Côte d’Ivoire en 2011. Et pourtant… Selon des cadres du FPI, une alliance avec le parti présidentiel serait dans les tuyaux, en vue de l’élection générale de 2023. Une véritable trahison pour Laurent Gbagbo, qui a décidé de fonder son propre parti politique.
Cité par la presse panafricaine, Issiaka Sangaré, secrétaire général du FPI, assure envisager une alliance avec le RHDP. « Nous attendons que les choses se mettent en place. Mais tout ce que je peux dire, c’est que nous sommes optimistes », indique-t-il. Pascal Affi N’Guessan, épaulé par Henri Konan Bédié, était devenu lors de la dernière présidentielle le porte-parole de l’opposition ivoirienne, qui avait prôné la « désobéissance civile ». Le leader du FPI avait été arrêté, puis relâché.
Des négociations vieilles d’un an
Et alors qu’une enquête avait pointé du doigt le rôle du PDCI-RDA dans les violences pré et post-électorales, le RHDP semble désormais estimer que le FPI n’était pas à la manœuvre de la fameuse « désobéissance civile ». Si Alassane Ouattara a tenté d’adoucir ses relations avec Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié, sans réel succès, le président serait pour le moment plus apte à s’allier avec Pascal Affi N’Guessan.
Des discussions entre le RHDP et le FPI devraient débuter sous peu en vue de trouver un accord électoral pour le prochain scrutin. De quoi brouiller les pistes. Mais également redessiner l’opposition ivoirienne. En effet, « si le FPI s’allie au RHDP, il redonne à Laurent Gbagbo et son nouveau parti une véritable place à gauche sur l’échiquier politique », résume un observateur de la vie politique locale.
Reste que l’alliance prévue entre les deux partis risque d’avoir des conséquences. Car si les deux formations avancent main dans la main en vue des élections générales, une alliance pour la présidentielle de 2025 n’est, pour l’heure, pas dans les tuyaux. Si le FPI peut remporter des sièges au Sénat et des municipalités grâce à la formation d’une coalition avec le RHDP, dans l’absolu, le parti créé par Gbagbo pourrait ensuite disparaître du paysage politique.
Affi N’Guessan joue sa survie politique
Selon plusieurs sources, cela fait déjà un an que Pascal Affi N’Guessan et Alassane Ouattara ont débuté leurs négociations. En octobre dernier, le patron du FPI avait alors défini sa formation politique comme « un parti d’opposition responsable » et assuré que le président ivoirien pourrait « compter » sur le FPI. Pour exister, avec le retour de Laurent Gbagbo au pays, Affi N’Guessan savait que les jours de son parti étaient comptés. Le soutien du RHDP pourrait lui permettre de rester sous perfusion pendant encore quelques mois.
Reste désormais à savoir ce qu’en penseront les militants. Car le FPI, autrefois ancré à gauche, est en train de s’allier à un parti de centre-droit qui risque de n’en faire qu’une bouchée. Sans le savoir, « Affi » est donc en train de lancer le PPA-CI de Laurent Gbagbo. Comme Kouadio Konan Bertin, transfuge du PDCI-RDA et candidat rebelles à la présidentielle, avant lui, Pascal Affi N’Guessan est en train de servir les intérêts du président. « Sa survie politique passe par là », admet un compagnon du leader du FPI.