L’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, a lancé son nouveau parti, le Congrès constitutif du Parti des peuples africains de Côte d’Ivoire (PPA-CI), dimanche. Avec quels objectifs ?
L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo a promis dimanche de continuer à peser dans la vie politique nationale « jusqu’à la mort », alors qu’il lançait son nouveau parti, le PPA-CI. Une première réunion d’envergure pour Gbagbo, qui a pu compter sur des milliers de militants, à l’occasion du Congrès constitutif de son parti, et quatre mois après son retour au pays.
La création du nouveau parti, baptisé Parti des peuples africains (PPA-CI), a alimenté les spéculations sur les intentions politiques de Gbagbo. L’ex-chef de l’Etat se présentera-t-il à l’élection présidentielle de 2025 ? Il a, pour le moment, refusé de fournir une réponse définitive à cette question. Mais ce dimanche, il a cependant donné un premier élément de réponse, en annonçant qu’il « préparait son retrait ».
« Mon ambition aujourd’hui, c’est de partir, pas de partir pour vous abandonner, moi je serai toujours un militant de notre parti, un militant de base », a annoncé Laurent Gbagbo. Et l’ancien président de poursuivre : « Je ne laisse à personne le soin de décider de quand je dois partir. Certains disent que Gbagbo a été condamné à 20 ans, ce qui pourrait empêcher son éligibilité. Je sais cela et je sais que beaucoup pensent ça aussi, mais ce n’est pas mon problème ». Des messages contradictoires, donc, envoyés aux Ivoiriens alors que les potentiels candidats à la prochaine présidentielle multiplient les déclarations.
Laurent Gbagbo lancera-t-il la jeune garde ?
Le retour de Gbagbo en Côte d’Ivoire a provoqué de nombreux remous dans la sphère politique locale. Entre des réunions avec ses ex-rivaux, le président Alassane Ouattara et l’ancien président Henri Konan Bédié, sa séparation d’avec son épouse Simone Ehivet ou encore son voyage en République démocratique du Congo, les faits et gestes de Gbagbo ont été scrutés, analysés.
Mais en créant le PPA-CI, Laurent Gbagbo montre qu’il n’est pas revenu en Côte d’Ivoire pour prendre sa retraite. Cependant, pour respecter les termes officieux de sa liberté en Côte d’Ivoire, l’ex-président fait tout pour éviter le conflit. Ainsi, Laurent Gbagbo ne pouvait pas se permettre de s’engager dans une rivalité avec Simone Ehivet, avec le président du Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N’Guessan, ou même avec son allié de toujours, l’ancien ministre Charles Blé Goudé.
Si Gbagbo affirme que la création du PPA-CI traduit une volonté de « contribuer à la réalisation du bonheur des Ivoiriens et des peuples africains », le parti contribuera surtout à maintenir la neutralité de Gbagbo et à délimiter sa place dans l’opposition.
Gbagbo fait ainsi imploser son FPI, qui devra se restructurer. De quoi laisser présager une belle partie d’échecs dans les années à venir. Reste à savoir ce que Gbagbo envisage pour la présidentielle. Mais le lancement de sa formation politique et ses déclarations ressemblent à une volonté de laisser des candidats plus jeunes se présenter à la prochaine élection.
De nouvelles têtes
Les « trois éléphants » de la politique ivoirienne — Ouattara, Gbagbo et Bédié — semblent préparer l’avenir. Il s’agit désormais de répondre aux attentes du peuple, qui demande de voir de nouveaux visages aux plus hautes fonctions. Parmi les revendications de l’opposition, également, la volonté de voir l’ancien président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, revenir en politique. Condamné en juin à perpétuité, Soro est défendu par « HKB » et même Gbagbo. Tous deux réclament sa grâce, malgré l’opposition farouche d’Alassane Ouattara.
Quant aux candidats à la présidentielle de 2025, certains noms commencent à émerger. Parmi lesquels celui du banquier d’affaires et ancien ministre Tidjane Thiam. Ce dernier est pressenti comme le favori de la prochaine présidentielle. Politiquement neutre et descendant de la dynastie du Père de la Nation, Félix Houphouët-Boigny, Thiam est naturellement prédisposé à représenter une alternative au triumvirat éternel de la politique ivoirienne.
Il trouvera, quoi qu’il arrive, sur son passage, l’homme d’affaires Jean-Louis Billon, qui a déjà annoncé sa candidature. Désirant s’imposer comme le dauphin naturel de « HKB », Billon est très ancré dans la politique ivoirienne. Il avait aussi occupé le poste de ministre du Commerce pendant cinq ans et s’est fait une image de « monsieur propre », en s’attaquant au groupe Bolloré pendant sa carrière ministérielle. Une décision qui lui avait d’ailleurs coûté son poste.