C’est officiel. L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo a demandé le divorce de sa femme, qui est également l’une des fondateurs du FPI, Simone Ehivet Gbagbo. Un début de procédure qui pourrait avoir de lourdes conséquences politiques.
Rentré depuis 5 jours en Côte d’Ivoire, l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo a entamé une procédure de divorce de sa femme Simone. L’ancienne Première dame, et fidèle partisane du Front populaire ivoirien (FPI), est très influente. En 1995, elle connût le pasteur évangéliste Moïse Loussouko Koré et se convertit à l’évangélisme. Ce qui, de par sa position, a contribué à apporter le soutien des évangéliques à la candidature de Gbagbo de la présidentielle de l’an 2000.
Toutefois, il semblerait que l’ancien président ne peut plus assumer cette alliance. Dès son retour en Côté d’Ivoire, ses avocats ont entamé une procédure judiciaire de séparation. « Le refus réitéré de Dame Simone Ehivet de consentir à une séparation amiable, au demeurant voie de règlement approprié de leurs statuts personnel et politique réciproque », aurait causé ce contexte, selon un avocat de Gbagbo.
Gbagbo sortirait-il gagnant de cette séparation ?
La « dame de fer » – comprenez Simone Ehivet – a été très présente aux côtés de Laurent Gbagbo. Depuis les années 1990, en passant par la présidence, et même après l’humiliante vidéo de l’interpellation du couple présidentiel par les soldats français. La Première dame a été officiellement liée politiquement aux fluctuations de la carrière de son mari.
Néanmoins, Simone et Laurent Gbagbo ont toujours été considérés comme un couple purement politique. Par ailleurs, des rumeurs disaient que durant son mandat, Gbagbo faisait chambre à part avec la Première dame. Il semblerait donc que cette alliance d’intérêt ne soit plus au gout de Laurent Gbagbo.
Aussi est-il que Gbagbo représente actuellement une ligne dure de la gauche ivoirienne. Or, la proximité entre Simone et les évangélistes américains, comme africains, envoie un message contradictoire. Ainsi donc, le mariage politique serait sur le chemin vers une fin judiciaire, pour des raisons tout aussi politiques.
Si pendant la décennie passée, Simone Gbagbo a été plus active que son mari. Il n’empêche que depuis sa libération, le FPI cherche à retrouver son leadership historique. Par le passé, ce leadership était représenté par plusieurs personnages, dont Simone. Aujourd’hui, Gbagbo est beaucoup plus populaire que lorsqu’il était président. En raison de sa longue bataille judiciaire contre les procureurs de la CPI, il a fait l’objet d’une couverture médiatique de longue haleine. Alors qu’en Côte d’Ivoire, Ouattara multipliait les erreurs. Et que Simone, elle, promouvait sa propre image.
Des épées de Damoclès et d’un passé d’union
En effet, la grande popularité de Gbagbo représente une opportunité pour une majorité de ses partisans du FPI-GOR. Ils voudraient sans doute que le parti soit unifié sous Gbagbo, afin de tenter de futurs rendez-vous électoraux. L’arrestation de Gbagbo en a fait un symbole anti-impérialiste, entre autres. Or, Simone Gbagbo est l’un des liens principaux entre l’ancien président et les instances internationales.
En l’occurrence, en juillet 2001, Kofi Annan avait déclaré que Simone devrait être « invitée à rejoindre les travaux » de l’ONU. Insinuant l’influence de la Première dame sur son mari. Plus tard, pendant la campagne de l’élection présidentielle de 2010, Simone avait annoncé qu’elle commanderait le parti FPI à la place de Laurent Gbagbo s’il est réélu. Ce qui, évidemment, n’a pas pu se concrétiser au vu de la crise post-électorale et du coup de force de Ouattara, appuyé par la France.
En 2018, Simone Gbagbo a été amnistiée pour les charges relatives à la crise post-électorale de 2011. Le président Alassane Ouattara avait alors parlé d’une ambition de « réconciliation nationale » qui ressemble indubitablement à celle dont le gouvernement parle sans cesse. Toutefois, il semble que depuis la libération de Laurent Gbagbo par la CPI, Ouattara a changé d’interlocuteur. Pourtant, il est constatable que Laurent Gbagbo n’a toujours pas été gracié de la décision de justice de 20 ans d’emprisonnement à son encontre. Sans doute une mesure préventive. Au cas où Gbagbo chercherait à revenir à la politique, serait-il arrêté ? C’est là un élan que ni Gbagbo ni Ouattara ne pourraient contrôler. Dossier à suivre.