Dans une étude stratégique, la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies donne des pistes pour sauver les compagnies aériennes d’Afrique, en proie à de sérieuses difficultés financières.
La Commission économique pour l’Afrique des Nations unies a récemment publié une étude stratégique sur « les compagnies aériennes africaines dans le contexte de la pandémie de Covid-19 ». Et le sous-titre de ce document est clair : les compagnies sont confrontée à un grave problème, celui de devoir « surmonter une crise de liquidités ». Autrement dit, avec la pandémie qui a cloué les avions au sol, l’industrie aérienne africaine est dans le rouge.
Question chiffres, la Commission économique pour l’Afrique de l’ONU rappelle que « le transport aérien représente plus de 7 millions d’emplois et contribue pour plus de 70 milliards de dollars à l’économie du continent ». Et « l’effondrement des compagnies aériennes africaines aura des conséquences économiques désastreuses », peut-on lire dans le document, très pessimiste sur la survie des compagnies africaines.
Avant la crise sanitaire, les compagnies aériennes transportaient 76,6 millions de passagers en Afrique chaque année. Et alors que l’on prévoit une augmentation à 303 millions de passagers d’ici à 2035, force est de constater que l’Afrique n’est pas prête à relever le défi : l’industrie aéronautique « ne représente que 3 % du marché mondial », indique l’étude qui cite notamment les marchés sierra-léonais, guinéen, centrafricain, béninois, malien, rwandais, togolais, ougandais, zambien et malgache comme étant les plus importants en termes de croissance.
« Reconstruire, en mieux »
Le problème de l’endettement des compagnies aériennes semble insoluble en Afrique. Et le rapport avance un chiffre effarant : « Les besoins financiers totaux des compagnies aériennes africaines seraient bien supérieurs à 3,2 milliards de dollars si l’on ajoutait au chiffre la dette cumulée de toutes les compagnies aériennes du continent, leurs coûts d’exploitation et leurs autres engagements ». La pandémie a aggravé la situation : les pertes de recettes en 2020 pourraient se situer entre 10 et 13 milliards de dollars, selon les prévisions de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI). Des dettes dues principalement aux banques, aux institutions financières et aux sociétés de leasing.
Face à cette crise financière de taille, quelles sont les solutions ? Pour la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies, les pouvoirs publics ont un rôle, celui d’« intégrer les compagnies aériennes dans les stratégies nationales de réponse à la pandémie de Covid-19 ». L’étude évoque également le fonds de riposte de l’Union africaine la possibilité, pour certains pays africains, de bénéficier d’une suspension limitée dans le temps des paiements au titre du service de la dette.
La Commission de l’ONU affirme qu’il faut rapidement « choisir les options appropriées pour la fourniture d’un soutien financier aux compagnies aériennes », « adapter le soutien financier aux spécificités des compagnies aériennes », « allouer une partie des aides Covid-19 aux compagnies aériennes », « coordonner la collaboration entre les institutions de financement du développement et les compagnies aériennes » et enfin « offrir des possibilités commerciales aux compagnies aériennes » pour « reconstruire, en mieux », ce secteur sinistré par la pandémie.