En présentant sa démission de la Fécafoot, Samuel Eto’o a bien joué sa partition. Le président de la fédération camerounaise de football a été conforté à son poste et se dédouane ainsi de la déroute camerounaise à la CAN.
Après l’échec des Lions indomptables lors de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) qui va se terminer en Côte d’Ivoire, le président de la Fécafoot, la Fédération camerounaise de football, Samuel Eto’o, a présenté sa démission. Celle-ci a été refusée. Mais l’ancien attaquant du FC Barcelone était-il vraiment déterminé à quitter ses fonctions ? Ou a-t-il simplement cherché à être conforté à son poste et à rejeter la faute de cet échec sportif sur son sélectionneur, Rigobert Song ?
La stratégie ressemble en tout cas à celle utilisée en août 2022, rappelle le journaliste Boris Bertolt, qui se souvient quand, lors de l’assemblée générale de la fédération, Eto’o avait fait une entrée tonitruante dans la salle pour annoncer vouloir démissionner. Plusieurs membres de la Fécafoot avaient alors refusé cette démission et acclamé le président, qui avait alors tenté de prolonger la durée du mandat du président de la Fécafoot à sept ans au lieu de quatre.
Les choses ne sont pas si différentes aujourd’hui. Si c’est avant tout l’échec de la sélection qui a provoqué l’annonce de la démission d’Eto’o, ce dernier est surtout balloté depuis le début de son mandat. L’ex-footballeur international a multiplié les erreurs et doit toujours faire face à un clan qui rêve de le voir partir. En proposant sa démission, Samuel Eto’o a donc mesuré, de façon certainement volontaire, ses soutiens et sa popularité.
Il y a quelques jours, donc, Samuel Eto’o s’est présenté dans les locaux de la Fédération camerounaise de football. Neuf des seize membres de la Fécafoot étaient présents. Eto’o a assuré avoir « pris la décision de remettre (sa) démission » et demandé, par la même occasion, que tout les membres du bureau remettent leurs propres démissions. « Je n’ai jamais été autant humilié », a-t-il affirmé.
C’est alors qu’Eto’o a été soutenu par une bonne partie des membres du Comité exécutif. « Monsieur le président, vous partez pour nous laisser à qui ? Que deviendrons-nous sans vous ? », aurait alors demandé la première vice-présidente de la Facafoot. Avant qu’Eto’o ne sorte sous les applaudissements et que sa démission soit refusée. Sans hésiter, le président a lancé, façon de Gaulle : « Je vous ai compris. C’était une causerie, il fallait qu’on se regarde en face et qu’on se dise les vérités. Nous allons poursuivre le travail ».
L’équipe poursuivra donc le travail, mais amputée de l’un de ses cadres actuels : le sélectionneur Rigobert Song. Samuel Eto’o a décidé de ne pas renouveler le contrat de l’entraîneur. Avec une option, celle de désigner un nouveau coach, étranger cette fois. Après cette fausse démission, Samuel Eto’o a désormais les mains libres, pour les mois à venir.