L’ancien président du Burkina Faso souhaiterait revenir dans son pays. S’il a écopé d’une condamnation lourde — la prison à perpétuité —, Blaise Compaoré espère négocier sa liberté.
Tout est finalement allé très vite, malgré le coup d’Etat au Burkina Faso. En effet, le procès des responsables du meurtre de Thomas Sankara avait repris le 2 février dernier pour se terminer quelques semaines plus tard. Le parquet avait alors requis trente ans de prison contre l’ancien président Blaise Compaoré, entre autres. Ce dernier n’était pas présent au moment de l’annonce de sa condamnation — début avril, l’ex-président du Burkina Faso a été condamné à la prison à perpétuité —, pas plus que lors de son procès.
Car Compaoré coule des jours heureux à un peu plus de mille kilomètres de Ouagadougou. C’est en Côte d’Ivoire que le président accusé d’avoir fait assassiner Sankara a posé ses valises, protégé par son ami, le chef de l’Etat Alassane Ouattara. Ce dernier estime que « la Côte d’Ivoire est un pays d’hospitalité » et que Blaise Compaoré « est chez lui en Côte d’Ivoire ».
C’est pourtant sans honte que Compaoré a indiqué vouloir rentrer dans son pays. En réalité, cela fait plusieurs mois que des tractations ont débuté entre les autorités ivoiriennes et du Burkina. « J’avais entamé les démarches avec le président Kaboré pour le retour de Blaise Compaoré, je pense que tout cela se fera en temps opportun », a indiqué « ADO ». Autrement dit, ces démarches n’ont pas encore abouti, et ont pris du retard avec le putsch.
Mais comment Compaoré souhaite-t-il revenir au pays, alors même qu’il a été condamné pour « attentat à la sûreté de l’Etat » et « complicité d’assassinat » par le tribunal militaire de Ouagadougou ? Un passage par la case prison pourrait être envisagé en cas de retour au Burkina Faso. Sauf que Compaoré estime qu’il a le droit de rejoindre sa terre natale… libre !
La famille Sankara opposée à une grâce
Compaoré a un atout à jouer : il ne rentrera pas sans garanties. D’autant qu’il ne sera jamais extradé par Alassane Ouattara, qui le lui a promis. Pour s’assurer que cette promesse soit tenue, Blaise Compaoré a obtenu la nationalité ivoirienne.
Autre carte à jouer : son état de santé. Compaoré serait actuellement malade. Impossible, pour le moment, de savoir ce qu’il a réellement — il a subi une intervention dans un pays du Golfe l’an dernier —, mais il se pourrait bien que Compaoré soit inapte à être détenu dans une geôle. La résidence surveillée pourrait cependant être une option en cas d’accord des autorités de Ouagadougou.
Reste à savoir pourquoi Blaise Compaoré veut prendre le risque de revenir dans un pays qui l’a condamné à la prison à vie et dont il a été chassé en 2014. Selon les proches de l’ex-chef de l’Etat, la vie en Côte d’Ivoire lui pèserait. Mais pour être gracié, il faudra du temps. Or, Compaoré est âgé et souhaiterait que les démarches aillent au plus vite.
Du côté de Damiba et de la junte militaire en place, la réconciliation est aujourd’hui une véritable volonté politique. Autoriser Compaoré à revenir à Ouagadougou pourrait donc être l’objet de tractations qui permettraient d’envoyer un message politique fort. Reste que les pro-Sankara — et ils sont nombreux — verraient d’un mauvais œil une grâce présidentielle.
Quoi qu’il en soit Compaoré promet qu’il ne rejouera plus de rôle politique au Burkina Faso. Mais la famille de Thomas Sankara s’opposera farouchement à un retour libre de l’assassin du héros de la nation.