Le président ghanéen Nana Akufo-Addo, en compagnie de son homologue burkinabé Roch Marc Christian Kaboré, a appelé les Etats africains à faire front contre le terrorisme au Sahel.
Le président du Ghana, Nana Akufo-Addo, ainsi que le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, ont tenu hier une conférence de presse. A la suite d’une visite amicale d’Akufo-Addo à Ouagadougou, pendant laquelle il a présenté ses condoléances au peuple burkinabé pour le massacre de Solhan, les deux chefs d’Etats ont adressé la cause de l’attentat. En effet, malgré les efforts du gouvernement burkinabé pour halter l’offensive terroriste, 160 innocents sont morts vendredi.
Face à cette tragédie, le président Kaboré avait annoncé un deuil national de trois jours. Nana Akufo-Addo est le premier chef d’Etat à visiter le Burkina Faso. Même si les attaques n’ont pas encore été revendiquées, le groupe Etat Islamique dans le Grand Sahara (EIGS) est le premier suspect. Selon un représentant de la société civile, le massacre aurait pour but d’éloigner les habitants. L’EIGS veut, selon lui, s’emparer des mines d’or artisanales près du village.
Pour cette raison, le gouvernement burkinabé a décidé de fermer les sites aurifères dans la région. Pour le président, il faudrait que les Etats africains s’unissent pour défaire la menace terroriste au Sahel. « Nous devons rester soudés contre ces forces du mal », a déclaré Kaboré. Ensuite, il a rajouté : « Personne, en dehors des Africains réunis, ne pourra nous sauver dans la lutte contre le terrorisme. Aujourd’hui, c’est le Burkina, hier c’était le Niger, le Mali et la Côte d’Ivoire ».
Avec @NAkufoAddo , nous avons souligné l'importance et l'urgence de renforcer la coopération sécuritaire au sein de la Cedeao pour venir à bout du terrorisme dans notre sous-région.#BurkinaFaso #Ghana @ecowas_cedeao pic.twitter.com/V2kBgNXtHi
— Roch KABORE (@rochkaborepf) June 9, 2021
Kaboré envoie-t-il un message à la France ou à la CEDEAO ?
Une déclaration loin d’être anodine du chef d’Etat burkinabé. Aujourd’hui, le ministre des affaires Etrangères Jean-Yves Le Drian est attendu en Côte d’Ivoire, où il inaugurera une académie militaire. L’académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT) à Jacqueville est une tentative de la France de rattraper son échec militaire au Sahel.
Le ministre français avait préalablement déclaré qu’il sera en visite à Ouagadougou « dans la semaine ». Ainsi que les choses se présentent, Le Drian ira au Burkina Faso après sa visite ivoirienne. L’appel à l’unité de Kaboré pourrait donc être dirigé vers ses homologues de la CEDEAO. Actuellement, les forces antiterroristes africaines au Sahel sont divisées. Certaines ont été rappelées pendant les dernières semaines, comme au Tchad et au Niger. D’autres organisent leurs opérations conjointement avec l’armée française Barkhane, comme le Togo et la Côte d’Ivoire. D’autres encore, comme l’armée Burkinabé et malienne, affrontent la menace terroriste seules.
Dans le cas malien, ce paradigme date de la semaine dernière. Mais pour le Burkina Faso, l’Etat n’a jamais permis aux Français de construire une base militaire sur son territoire. La convoitise française des mines d’or dans le Nord burkinabé pourrait en être la raison. Cependant, depuis l’élection de Kaboré, il s’agit d’une question de souveraineté. L’Etat français avait, durant l’élection présidentielle de 2020, soutenu son opposant Zéphirin Diabré. Faux opposant ou nouvel allié, Diabré est maintenant le fer de lance du gouvernement burkinabé dans la lutte antiterroriste. Seule la France s’est retrouvée dans le hors-jeu au Burkina Faso. Plusieurs compagnies minières françaises avaient d’ailleurs liquidé leurs actifs depuis le début de l’année.
Les propositions du ministre français pourraient donc tomber dans l’oreille d’un sourd. Actuellement, le Burkina Faso aurait besoin d’aide, certes. Mais au vu de la position de Kaboré, le chantage enveloppé de charité pourrait provoquer davantage.
#Burkina : Le Gouverneur de la région du Sahel annonce la fermeture des sites aurifères artisanaux et la suspension de toutes les activités liées à l’exploitation de l’or sur ces sites, à compter de ce lundi 7 juin 2021 #Solhan pic.twitter.com/fpcSCa6gQu
— Emmanuel Tapsoba (@emmanutapsoba) June 7, 2021