Le 3 mai 2025, Brice Clotaire Oligui Nguema a prêté serment en tant que président élu du Gabon. Qu’est-ce que cela va changer ?
La cérémonie marque une étape cruciale dans la transition politique du pays. Ancien chef de la Garde républicaine et artisan du coup d’État de 2023 ayant renversé Ali Bongo Ondimba, Oligui Nguema s’efforce désormais de se positionner comme un homme d’État légitime, engagé dans la réforme et la modernisation du Gabon. Mais peut-il faire oublier son image de militaire ?
Né le 3 mars 1975 à Lékoni-Lékori, dans la province du Haut-Ogooué, Brice Clotaire Oligui Nguema est issu d’une famille liée au clan Bongo. Formé à l’Académie royale militaire de Meknès au Maroc, il a gravi les échelons de l’armée gabonaise pour devenir commandant de la Garde républicaine, unité d’élite chargée de la sécurité présidentielle. Proche du pouvoir en place, il a néanmoins orchestré le coup d’État du 30 août 2023, mettant fin à plus de 50 ans de règne de la famille Bongo.
Une transition vers la légitimité démocratique
Après avoir pris la tête du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), Oligui Nguema a promis de restaurer l’ordre constitutionnel et de préparer le pays à des élections libres et transparentes. Il avait aussi promis de ne pas se présenter et de laisser les civiles reprendre le pouvoir après la transition. Avant de revenir sur sa décision. Il a en effet supervisé l’adoption d’une nouvelle Constitution en décembre 2024, approuvée par référendum à 91 %, qui limite les mandats présidentiels à deux termes de sept ans et renforce les contre-pouvoirs. Et taillée sur mesure pour qu’il puisse se présenter.
Le 12 avril 2025, il a remporté l’élection présidentielle avec 94,85 % des voix, selon les résultats officiels, face à sept autres candidats, dont l’ancien Premier ministre Alain Claude Bilie-By-Nze . Ce scrutin, bien que critiqué par certains observateurs pour son manque de compétitivité, a été présenté par ses partisans comme une étape vers la normalisation démocratique.
Des réformes économiques et sociales ambitieuses
Conscient des défis économiques du Gabon, Oligui Nguema a annoncé des mesures pour diversifier une économie dépendante du pétrole, réduire le chômage des jeunes et améliorer les infrastructures. Il a également lancé des initiatives pour renforcer l’éducation et les services sociaux, tout en s’engageant à lutter contre la corruption .
Sur le plan international, il a entrepris une tournée dans plusieurs pays africains pour renforcer les relations diplomatiques et promouvoir la coopération régionale. Mais peu de chefs d’Etat africains ont osé venir à l’investiture du nouveau président, preuve qu’il faudra du temps pour que son image s’améliore…
Une image contrastée
Malgré ses efforts pour se présenter comme un réformateur, Oligui Nguema fait face à des critiques concernant la concentration du pouvoir et la présence de figures de l’ancien régime dans son gouvernement . De plus, des enquêtes ont révélé qu’il aurait acquis des biens immobiliers aux États-Unis pour plus d’un million de dollars en espèces entre 2015 et 2018, soulevant des questions sur la transparence de ses finances.
Brice Clotaire Oligui Nguema s’efforce de transformer son image de chef militaire en celle d’un président réformateur et légitime. Alors que le Gabon entame une nouvelle phase de son histoire politique, la capacité d’Oligui Nguema à tenir ses promesses de réforme et à instaurer une gouvernance transparente sera déterminante pour l’avenir du pays.